Le phénomène est moins connu, mais il existe également chez l’adulte. Vous avez peut-être dans votre entourage des personnes qui parlent et prennent beaucoup de place, sont désorganisées, s’énervent pour un oui ou pour un non… Environ 4% de la population générale est concernée par un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Dans 60 à 70% des cas, le trouble qui s’est déclaré durant l’enfance persiste.
Chez les adultes, les symptômes sont sensiblement les mêmes que chez l’enfant. «Néanmoins, on constate avec l’âge une plus grande intériorisation des phénomènes hyperactifs qui se transforment en partie en une agitation interne. Le besoin de bouger se manifeste par des comportements plus discrets tels que des mouvements avec les jambes, des doigts qui tapotent sur la table ou qui jouent avec un stylo, etc. Mais ce besoin est davantage contenu en raison de l’intégration des normes sociales. Parfois, un cadre de vie stable ou la mise en place de stratégies compensatoires (beaucoup de sport, d’activités planifiées) peuvent atténuer les symptômes», explique le Pr Nader Perroud, responsable de la consultation spécialisée pour les adultes souffrant de TDAH à l’Unité du trouble de la régulation émotionnelle des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
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Ce sont souvent les difficultés attentionnelles et leurs conséquences qui poussent à consulter, expose le psychiatre: «Ce sont des personnes très vivantes qui ne disent jamais non, mais qui ont beaucoup de peine dans la planification et l’organisation des tâches au quotidien.» Des particularités qui peuvent leur jouer des tours dans la sphère tant familiale que professionnelle, avec par exemple au travail des tâches pas terminées ou pas facturées, des pertes financières, des erreurs d’inattention, des délais non respectés, un risque de licenciement et, sur le plan privé, des enfants qu’on oublie d’aller chercher ici ou là, des rendez-vous ou des vols manqués, etc. «Le TDAH chez l’adulte reste mal connu et mal diagnostiqué. Il peut se cacher sous un sentiment de malaise, une anxiété, un burn-out, une dépression que l’on n’arrive pas à soigner malgré une psychothérapie et des antidépresseurs», observe le Pr Perroud.
Le fait de consulter et de recevoir un diagnostic peut pourtant améliorer la qualité de vie du patient. La prise en charge, même sur le tard, peut en effet l’aider. Cela passe par une meilleure compréhension du trouble (psychoéducation), par des aménagements (moins d’écran, plus de sommeil, changements alimentaires si nécessaire). «Au bout de quelques semaines, si ces mesures ne suffisent pas, nous proposons une thérapie cognitive et comportementale (TCC) ou prescrivons des psychostimulants», explique le Pr Perroud. La psychothérapie vise l’apprentissage de nouvelles stratégies pour retrouver son attention, favoriser sa concentration, mieux s’organiser, être plus attentif dans la relation à l’autre. Concernant la médication, «elle offre une réponse rapide et est généralement bien tolérée chez l’adulte, en particulier les dérivés d’amphétamines», indique le psychiatre.