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Guerre en Ukraine

Trois destins d’enfants ukrainiens déjà inoubliables

Qu’ils meurent, qu’ils chantent ou qu’ils se comportent en héros, les enfants d’Ukraine incarnent sans le vouloir l’héroïsme de leur peuple. Lumière sur trois destins qui resteront gravés dans les archives de cette guerre injustifiable.

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Un soldat ukrainien porte un nouveau-né, le 3 mars 2022, dans les faubourgs de Kiev, pour aider les parents lourdement chargés. Mais il devient toujours plus dangereux de fuir la capitale.

Timothy Fadek/Redux/laif

Amelia, 7 ans: le chant de la résilience


C’est une adorable petite fille de 7 ans dans un abri antiaérien de Kiev, comme il y en a des milliers dans toutes les villes assiégées d’Ukraine. Mais Amelia Anisovych a un petit plus: elle chante comme une princesse. La gamine a fait un carton (pacifique) sur internet en interprétant «Libérée, délivrée», la chanson du film de Disney «La reine des neiges».

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Amelia Anisovych a un petit plus: elle chante comme une princesse.

DR

Partagé plusieurs centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, cet intermède musical restera dans l’histoire de cette guerre comme l’un des plus forts symboles de résistance de tout un peuple. L’interprète de la version originale, Idina Menzel, et la compositrice Kristen Anderson-Lopez lui ont envoyé des messages de soutien. D’après le site d’information US Sun, la gamine a pu se réfugier en Pologne avec sa grand-mère. Restée à Kiev pour faire à manger aux soldats, sa mère, Lilia, 39 ans, a déclaré: «J’ai toujours su qu’Amelia était un ange plein de talents. Maintenant, le monde entier le sait aussi. Mais quelle tragédie qu’elle ne soit devenue célèbre qu’à cause de tant de morts et de ruines.»

Hasan Volodymyrivna, 11 ans


L’épopée de ce gosse semble tout droit sortir d’un roman ou sentir, plus trivialement, la «fake news». C’est pourtant une histoire vraie. Hasan Volodymyrivna s’est réfugié hors d’Ukraine tout seul, malgré ses 11 ans. Avec pour tout bagage un petit sac à dos, son passeport et un numéro de téléphone écrit sur sa main, le gosse est parvenu à faire un trajet de 800 km dans divers véhicules jusqu’à la frontière avec la Slovaquie.

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Tous les jours, sur les écrans et dans la presse, des visages comme celui de Hasan nous émeuvent. L’innocence de leurs traits associée à la gravité de leurs regards ne rend cette tragédie que plus révoltante. Sauf pour les poutinistes d’ici et d’ailleurs qui osent encore justifier cette tuerie de masse.

Ministerstvo vnútra SR

Sa mère Julia, une veuve habitant Zaporijjia, était face à un cruel dilemme. Garder son fils avec elle alors que les Russes attaquaient la centrale nucléaire voisine et lui faire risquer le pire ou bien l’envoyer sur les routes en direction de l’ouest. Elle-même devait rester sur place pour s’occuper de sa mère malade. Finalement, le gosse est arrivé à un poste-frontière où des douaniers et des bénévoles se sont gentiment occupés de lui. Et grâce au numéro de téléphone, la mère a pu être informée que Hasan était en sécurité et était conduit à Bratislava, où il a de la famille. La mère a fondu en larmes lors de ce dialogue en vidéo et ces images resteront elles aussi gravées dans les archives numériques de cette guerre. On lui a promis de l’aider à son tour à s’exiler avec sa mère malade et de rejoindre ainsi son fils en Slovaquie.

Mais l’issue plutôt positive de l’escapade de Hasan ne doit pas faire oublier les risques de mauvaises rencontres qu’encourent les enfants et les jeunes femmes une fois arrivés dans les pays frontaliers de l’Ukraine. Des ONG ont signalé que des prédateurs se faisaient passer pour des chauffeurs désintéressés profitant de ces proies faciles pour les remettre à des réseaux de traite d’êtres humains.

Alice Perebyynis, 9 ans
 

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Alice Perebyynis, morte sous les obus de mortier russes et devant les caméras avec sa mère et son frère.

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Même quand on la fait passer pour une «opération spéciale», une guerre fait des morts civils de tous âges. Serhiy Perebyynis a rendu hommage à son épouse Tatiana et à ses deux enfants, sa fille Alice, 9 ans, et son fils Nikita, 18 ans, morts sous des tirs de mortier russes, en tentant de fuir la ville d’Irpin, proche de Kiev. Le père de famille, resté sur place pour s’occuper de ses parents malades, a publié les portraits de ses trois disparus avec la légende suivante:» Pardonnez-moi de ne pas vous avoir protégés.» Il a également mis en ligne les photos des deux chiens de la famille, dont un est mort durant l’attaque.

C’est ainsi que des familles magnifiques et innocentes disparaissent aujourd’hui en Ukraine.

Par Philippe Clot publié le 17 mars 2022 - 08:57, modifié 24 février 2023 - 10:12