«Je me souviens parfaitement de la première fois que j’ai vu «Dirty Dancing». C’était la fin de l’année scolaire, j’avais 12 ans et l’été devant moi. Le film passait à la télévision. Sur les conseils d’une amie, je l’ai enregistré sur une cassette VHS.» Envoûtée, Ravena Soares Da Costa visionne le film en boucle, tous les matins, pendant trois semaines. «J’ai été littéralement happée par cette histoire, la première à me parler du rite de passage de l’adolescence à la maturité.» Ravena Soares Da Costa se souvient également qu’à l’adolescence son groupe d’amis était majoritairement constitué de garçons. «Il n’y avait pas nécessairement d’ambiguïté entre nous et, pourtant, j’ai eu droit à des regards interrogateurs autour de moi. Beaucoup de gens sont convaincus que l’amitié entre un homme et une femme ne peut pas exister, qu’il y a toujours un intérêt sexuel sous-jacent.
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Dans «Dirty Dancing», Penny est l’amie d’enfance de Johnny. C’est une femme sublime et le spectateur, comme Bébé d’ailleurs, s’imagine tout de suite qu’elle forme un couple avec Johnny. Il n’en est rien. Cette amitié sincère entre deux personnes au physique irrésistible est fascinante à regarder parce qu’elle inverse tous nos schémas habituels. Oui, un garçon peut n’éprouver qu’un sentiment de camaraderie envers une très belle femme et vice versa!»
Quant à la prétendue niaiserie du film, Ravena Soares Da Costa rappelle qu’elle provient en grande partie de la version doublée en français. Exemple: Bébé ne dit pas: «Tu n’as pas besoin de courir le monde après ton destin comme un cheval sauvage» dans la version originale mais: «It doesn’t have to be that way» («Ça n’a pas à se passer comme ça»).
Aujourd’hui maman de deux garçons de 4 et 7 ans, la jeune femme se réjouit de leur faire découvrir dans quelques années ce film culte qui a bercé toute son adolescence. ««Dirty Dancing» ouvre des horizons nouveaux pour les garçons. D’une part, car il nous montre qu’un homme sensuel, qui danse, est tout aussi viril et «mâle» qu’un homme qui transpire sur un ring ou un terrain de foot. Johnny sait aussi se montrer sous un jour vulnérable, en confiant à Bébé ses angoisses. C’est important de voir ça à l’écran. Le sexisme vient aussi de la croyance qu’il n’y a pas d’autre façon possible d’être un garçon...»
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