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Les profs des people

Thomas Wiesel: «On venait en classe en uniforme»

A l’occasion de la rentrée scolaire, six personnalités romandes parlent avec émotion de la maîtresse ou du maître qui les a le plus marqués. Thomas Wiesel nous raconte son professeur Giles Dawson. L’humoriste, né à Lausanne, a 33 ans. Il revient sur ses deux années passées en Angleterre entre 9 et 10 ans. Il y a découvert un système scolaire aux antipodes de celui de la Suisse: peu de moyens, mais hyper-efficace.

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Thomas Wiesel

«Mon accent, en anglais, faisait rire mes camarades britanniques, qui me faisaient répéter des mots à la récréation». Thomas Wiesel est tout à droite au deuxième rang en partant du bas.

Blaise Kormann
Didier Dana

A la fin de son cursus de médecine, le papa de Thomas a fait un stage de deux ans en Angleterre et toute la famille a suivi. «A 9 ans, je me suis retrouvé à la Horsenden Primary School, une école publique du nord-ouest londonien. Nous étions 30, tous avec le même uniforme. Mes nouveaux camarades, des Anglais d’origine pakistanaise, indienne, bangladaise, caribéenne ou asiatique, formaient un ensemble multiculturel. L’étranger, c’était moi.»

Thomas Wiesel

«Nous étions 30, tous avec le même uniforme. Mes nouveaux camarades, des Anglais d’origine pakistanaise, indienne, bangladaise, caribéenne ou asiatique, formaient un ensemble multiculturel. L’étranger, c’était moi.», Thomas Wiesel.

DR

L’accent du petit Romand les faisait rire. «A la récréation, ils me faisaient répéter des mots et se bidonnaient, mais avec bienveillance.» Comme le bâtiment principal avait brûlé l’année précédente, les cours étaient dispensés dans des Portakabin. Thomas se souvient d’un système doté de peu de moyens mais de profs extraordinaires. «Giles Dawson était jeune, souriant, roux, avec une coupe au bol, de petites lunettes. Son énergie était inépuisable. Dans la classe, nous formions des groupes de cinq ou six, sortes d’équipes. Cela stimulait la discipline, la performance collective. Nous n’avions ni notes, ni tests, pas de sanctions et pas de hiérarchie. Comme dans «Harry Potter», nous étions récompensés par des «merits», accumulation de points et de gommettes. Chaque semestre, le prof rédigeait un rapport de quatre pages A4 sur chacun d’entre nous. Un document précieux pour les parents.» Une fois par an, les élèves avaient le droit de venir habillés en civil. «On mettait nos maillots d’équipe de foot. Moi, c’était Manchester United.»

Thomas se souvient aussi des chansons des Beatles apprises et chantées par les élèves dans la cour. «Nous allions aussi faire la chorale dans les EMS.» Une tradition l’amusait: «En fin d’année, nous alignions nos profs préférés sous des seaux remplis de substances gluantes et autres légumes avariés. Au pied des «victimes», une cagnotte. Celui qui avait récolté le plus de sous, sous-entendu le plus aimé, recevait le contenu du seau sur la tronche. C’était un signe d’attachement et non une vengeance.» Les sous permettaient d’acheter un ballon pour la récré. «Je suis retourné dans cette école il y a quelques années. J’avoue avoir été ému. Ce système scolaire était efficace et les enseignants hyper-attachants.»

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Par Didier Dana publié le 26 août 2022 - 08:33