Tout à coup, Maude Mathys et son professeur d’il y a vingt-trois ans oublient la photo qu’ils sont en train de faire pour «L’illustré». Dans cette classe vide du collège de Bahyse, à Blonay, qui n’a pas changé d’une craie, ils sont de nouveau élève et enseignant. «Tu te souviens que nous avions étudié les lombrics, Maude? Je voulais vous expliquer la biomasse. Montrer que, sur 1 hectare de terre, les vers de terre sont les plus lourds de tous les animaux», dit Jean-Marc Nicolet, qui fut aussi longtemps député vert au Grand Conseil vaudois, en dessinant sur le tableau noir. «Bien sûr, sourit la championne, ce jour-là, nous étions allés chercher des vers tout le matin et ma maman m’avait emmenée au McDo à midi, ce qui était rare. Depuis, j’associe toujours les frites avec les vers de terre…»
La sportive avait environ 12 ans. «J’avais alors pas mal de soucis à l’école. J’étais un peu rêveuse et je venais d’avoir des enseignants durs, qui me faisaient peur. Je travaillais pourtant beaucoup.» Avec Jean-Marc Nicolet, son prof principal, elle a découvert un autre style: «Sa manière de nous parler, sa douceur. Il était calme, il ne jugeait jamais ceux qui étaient un peu différents, il les intégrait. On sentait que l’égalité était quelque chose d’important pour lui.» Ensuite, tout a changé pour elle. «J’ai complètement tourné. Grâce à lui, j’ai commencé à aimer l’école et j’ai pu accomplir des bonnes études. Après la VSG, j’ai fait une dixième année puis la VSB. J’ai envie de lui dire merci.»
Jean-Marc Nicolet apprend cela avec émotion. Municipal à Blonay, où il a passé sa carrière jusqu’à sa retraite, lui qui fut aussi journaliste a toujours suivi la route de Maude, à distance. «Peut-être que cela a marché avec elle parce que moi aussi, enfant, j’ai eu des blocages en maths contre lesquels j’ai dû lutter.» Entre eux une complicité existe à jamais, avec la silhouette de quelques lombrics.
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