Ils se sont rencontrés en 1949. Elle avait 16 ans et lui 18. Et plus rien ne les a jamais séparés. Même pas la mort, puisqu’ils ont décidé de mettre un terme à leur vie ensemble, après soixante-sept ans de mariage.
Eux, ce sont Pascal et Mireille Besson, un couple fusionnel de Pulliérans qui vivaient l’un pour l’autre tout en ayant une rare ouverture d’esprit sur le monde. Lorsque les médecins ont diagnostiqué à Mireille une tumeur incurable à la mâchoire et alors que Pascal était affaibli par un cancer, les deux tourtereaux ont décidé d’un commun accord de faire face à la grande Faucheuse main dans la main. Inscrits à Exit, les Besson n’ont pas hésité à faire leur dernier voyage côte à côte. La mort ne s’est pas insidieusement immiscée entre eux mais, au contraire, les a unis à jamais. Car en Suisse, nous avons la chance incommensurable de pouvoir mourir dans la dignité.
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Une chance que nous envie notre voisine la France, en retard quasiment d’un siècle par rapport au Code pénal suisse sur la question du suicide assisté. C’est sûrement pour cela qu’Olivier Véran, ancien ministre français de la Santé et porte-parole du gouvernement actuel avec, à ses basques, toute une clique d’élus et de médecins de l’Hexagone, s’est rendu à Genève le 27 janvier dernier. En effet, la majorité des Gaulois se révèle irréductible sur la question de l’aide au suicide, même si la loi Leonetti a assoupli les articulations d’un corps médical et d’éthiciens quelque peu réfractaires à l’euthanasie. Malgré cette loi votée en 2016 qui, dixit le texte légal, introduit «l’interdiction de l’obstination déraisonnable et renforce le droit d’accès aux soins palliatifs mis en place dans la loi française du 9 juin 1999», il demeure illégal dans ce pays d’avoir la possibilité de choisir de mourir dans la dignité.
Emmanuel Macron, sous la pression de certains intellectuels et politiciens, a senti qu’il était temps d’accorder à ses concitoyens ce qui leur revient de droit, d’avoir recours au suicide assisté. Le président français a donc lancé une convention citoyenne qui devrait rendre ses conclusions en mars prochain. En attendant, loin de ces turpitudes bassement terrestres, Pascal et Mireille Besson s’aimeront jusqu’à l’infini.
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