1. Home
  2. Actu
  3. Mirka, l’atout majeur qui a contribué au succès du roi Federer

Tennis

Mirka, l’atout majeur qui a contribué au succès du roi Federer

Promise à une belle carrière sportive, Miroslava Vavrinec Federer alias Mirka a mis sa vie de tenniswoman de côté pour se consacrer à celle de son mari. Lumière sur une femme discrète et dévouée qui, de l'aveu même de Roger Federer, a joué un rôle essentiel dans ses succès.

Partager

Conserver

Partager cet article

Roger Federer

Amours parisiennes: Roger et Mirka se promènent main dans la main dans la capitale française en 2004. Ils sont en couple depuis trois ans.

Jacques Lange/Paris Match/Scoop
Total Royal
René Haenig

Par son statut d’épouse de Roger Federer, Mirka Federer (44 ans) s’en tient fermement à une règle de base, comme la Queen: sourire, saluer, se taire. Mirka est la reine du roi sortant du tennis.Voilà vingt-trois ans qu’elle est en couple avec Roger. Et qu’elle n’a plus donné d’interview. Elle évite les micros et laisse la parole à son «king». Solide comme un roc, elle reste aux côtés de «Rodgeur». René Stauffer, auteur de «Roger Federer – La biographie», résume parfaitement la situation lorsqu’il écrit ces mots: «Mirka Federer est la Mona Lisa du tennis. Tout le monde la voit derrière la vitre, mais personne n’a jamais entendu sa voix.» La Queen. Mona Lisa. Mirka Federer. Trois femmes, un point commun: leur aura énigmatique.

Même si Mirka est considérée comme une femme silencieuse, «elle sait qu’elle a rendu possible la carrière extraordinaire de Roger», affirme la directrice de «Vogue», Anna Wintour, 72 ans, qui est une amie proche des Federer. Roger partage cet avis. Il le dit lui-même: «Mirka est la personne la plus importante de ma vie, avec mes parents bien entendu.» Mais qui est vraiment cette femme mystérieuse aux côtés de la superstar?

Mirka et Roger Federer

Ensemble sur le circuit: Roger et Mirka en 2005 dans la suite Bernstein de l’hôtel de luxe Crillon, à Paris.

Jacques Lange/Paris Match/Scoop

Rembobinons. Octobre 1987. Au tournoi de tennis de Filderstadt (Allemagne), une fillette attend devant le vestiaire de la légende du tennis Martina Navratilova (65 ans aujourd’hui) pour rencontrer son idole en personne. La gamine est une enfant réfugiée de l’ancienne Tchécoslovaquie. Elle s’appelle Miroslava Vavrinec. Tout le monde l’appelle Mirka. Et Mirka attend Martina. Les gardes du corps de cette dernière ne veulent pas laisser passer la fillette de 9 ans. Jusqu’à ce que son papa, Miro, déballe des boucles d’oreilles. L’orfèvre les a fabriquées spécialement pour Navratilova en guise de cadeau d’anniversaire. Impressionné, l’un des gardes du corps laisse passer le père et sa fille.

Un grand moment pour Mirka. «Martina Navratilova s’est tout de suite approchée de moi pour savoir si je jouais au tennis», se souvient Mirka, qui n’avait pourtant jamais tenu une raquette de tennis à l’époque. «Non? Alors il faut que tu t’y mettes, car tu es bien bâtie et tu as certainement du talent.» Navratilova demande ensuite où habite Mirka. Plus tard, elle décrochera bel et bien son téléphone pour organiser la première leçon de tennis de la jeune fille de Kreuzlingen (TG) – chez son compatriote tchécoslovaque Jiri Granat, qui vit à Zurich. Aussi simple que ça. Tout simplement parce que le courant est passé.

Mirka et Roger Federer

Malheureux au jeu, heureux en amour: Roger et Mirka perdent en double à la Hopman Cup 2002 à Perth, en Australie. Qu’importe, ils s’aiment!

Juergen Hasenkopf/Imago Sportfoto

Mirka a elle aussi tout de suite plu à Roger Federer. Aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000, ils partagent une maison au village olympique avec son entraîneur, quatre lutteurs et la coéquipière de Mirka, Emmanuelle Gagliardi. Federer dit que c’est «le début de notre histoire d’amour». Au début, Mirka ne se rend pas compte que Roger s’intéresse à elle. «Je n’ai pas du tout remarqué qu’il attaquait un peu. Je pensais juste que c’était un gars drôle, pas ennuyeux, j’ai aimé ça.»

De Suisse, elle garde un souvenir différent de lui, car ils se sont rencontrés pour la première fois lors d’un entraînement à Bienne: «J’étais calme et concentrée sur ce que je faisais. Roger, lui, faisait un boucan pas possible, se souvient-elle. Il chantait à tue-tête des chansons des Backstreet Boys. Il me plaisait déjà à l’époque. Mais les entraîneurs étaient furieux. Et ils l’ont viré de la salle.» En Australie, Mirka apprend à aimer Roger. «Quand ce sera fini, j’aurai les abdos les plus solides du monde tellement Roger me fait rire tout le temps.»

Lorsqu’ils s’embrassent pour la première fois juste avant de quitter Sydney, elle lui dit: «Tu es si jeune. Presque encore un bébé.» A ce moment-là, Federer n’est, comme elle, qu’un talent. Pas un champion. Pas un roi du tennis. Pas un millionnaire. «Ce n’est pas un hasard s’il n’a jamais remporté de tournoi avant leur rencontre, explique Tony Godsick, le manager de Federer. Et regardez où il en est maintenant.» Mirka a apporté beaucoup d’expériences pratiques et d’idées. Elle a donné un équilibre à Roger – «et elle a sacrifié tellement de choses pour qu’il puisse réussir».

Mirka a en effet tout sacrifié pour Roger, jusqu’à sa propre carrière de joueuse de tennis. Miroslava «Mirka» Vavrinec a atteint le 76e rang mondial au meilleur de sa carrière. Ses compagnons de route se souviennent qu’elle était beaucoup plus travailleuse que Roger. «Elle bossait cinq à six heures d’affilée.» Durant la carrière de son mari, elle assiste à plus de 1000 matchs. «Aucune autre femme ne supporterait autant de tennis. Le tennis est omniprésent dans notre vie. Chaque jour, chaque minute», confie-t-elle un jour à un journaliste. Roger ajoute: «Elle était déjà avec moi quand je n’avais pas encore de titre, et elle est toujours là 89 titres plus tard. Elle joue un rôle crucial dans ma vie. Elle le sait, je le sais, tout le monde le sait. Je suis simplement heureux qu’elle soit ma femme et ma première supportrice, et qu’elle se montre toujours sincère avec moi.»

Mirka et Roger Federer

Ses proches derrière lui: en 2017, Roger Federer entre dans l’histoire en remportant son 8e titre à Wimbledon, en présence de toute sa famille.

Daniel Leal-Olivas/Reuters

Comme en 2011, après la défaite de Roger en quart de finale à Wimbledon contre Jo-Wilfried Tsonga, puis en demi-finale à New York contre Novak Djokovic. Mirka pousse alors son mari à opérer une analyse implacable. «Elle était convaincue que ce n’était pas possible que je perde tous ces matchs de si peu, qu’il devait y avoir quelque chose. Elle m’a dit: «Il y a peut-être quelque chose qui ne va pas chez toi. Nous devons en discuter.» Elle avait ses propres points de vue. Je pensais que certains étaient inexacts, d’autres justes.» Federer réussit ensuite l’impensable et revient en tant que No 1 mondial.

Pour Roger, Mirka est la femme de sa vie. Pour le tennisman, elle est la manager de sa carrière. Mirka assure ses arrières, s’occupe des couches de leurs quatre enfants pour que son chéri puisse écrire quelques chapitres de plus dans les livres d’histoire du tennis. Il n’a jamais eu à en discuter longuement avec elle. «Nous en avons parlé brièvement. Je lui ai demandé si je devais laisser tomber. Elle m’a répondu: «Surtout pas.»

L’estime que le roi du tennis porte à sa reine se manifeste notamment par le fait qu’il ne se lasse jamais de remercier Mirka, encore et toujours. C’est dans le cadre du Masters à Shanghai qu’il lui fait sans doute l’une de ses plus belles déclarations d’amour: «Tout le monde dit que je suis le meilleur. Mais je ne suis le meilleur qu’avec toi à mes côtés.» Roger est si amoureux de sa Mirka qu’il va jusqu’à l’admettre: «Pour moi, être seul signifie être avec Mirka. Je peux être seul dans la voiture pendant vingt minutes. Mais je préfère être avec elle.» Question: comment un roi millionnaire qui pourrait acheter à sa reine tout ce qu’elle désire fait-il pour lui témoigner sa profonde gratitude? «Rotschi» offre à Mirka ce qu’il a de plus précieux: son temps. «Surtout quand nous sommes en vacances, je fais tout pour elle. Si Mirka veut faire du shopping pendant dix heures, je l’accompagne. Après tout, elle doit aussi m’attendre dix heures à chaque tournoi.»

Mirka et Roger Federer

La famille Federer en voyage: en mai dernier, Roger et Mirka Federer ont profité d’une excursion à Venise avec Leo, Lenny, Myla Rose et Charlene Riva.

The Mega Agency

Lynette Federer, sa belle-mère, ne tarit pas non plus d’éloges: «Mirka est source d’harmonie. Elle a de la patience et de la persévérance. Mais c’est aussi une personne décidée et déterminée, qui fait preuve en même temps d’une grande empathie. Ce que Mirka accomplit dans le quotidien complexe de Roger et la façon dont elle couvre toujours ses arrières sont admirables.» Jamais sa belle-fille n’a voulu être au centre de l’attention. «Elle est là pour lui vingt-quatre heures par jour. C’est aussi une mère dévouée pour Myla, Charlene, Lennart et Leo. Je suis heureuse qu’elle fasse partie de notre famille.»

Mirka est la cheffe de la maison Federer. Son mari le confirme lors d’une interview d’après-match sur le court central. Interrogé à l’improviste sur le fait de savoir si sa femme est «la boss» de la famille, le Bâlois répond en souriant: «Un peu, oui.» Mirka est le moteur derrière la star. Elle est l’atout majeur de Roger. La femme qui organise sa vie. «C’est la raison pour laquelle je la protège des médias. Je parle pour nous deux.»

Pourtant, elle peut parfois être si surprenante en interview, comme ce fut le cas à l’été 2005 à l’Aorangi Park de Wimbledon. Federer possède alors déjà quatre trophées du Grand Chelem. Sa copine Mirka s’extasie alors devant les séances photos à 150 000 francs pour «Vogue»: «Il y a des assistants qui ajustent les chaussettes! C’est incroyable.» Mirka parle de son «Rotschi», «raisonnablement vaniteux», du temps qu’elle doit «lui voler pour le traîner chez le coiffeur». Elle raconte qu’elle cuisine à la maison et a emporté quelque 27 kilos de nourriture à Wimbledon. «De la soupe, de la sauce à salade, du chocolat, des biscuits, de l’Aromat.»

Roger et Mirka Federer

Mirka et Roger Federer au mariage de Pippa Middleton, la sœur de Kate Middleton, et de James Matthews à Englefield, dans le Berkshire.

Kirsty Wigglesworth/AP Images/Imago

Mirka est et reste modeste. Même lorsque son Roger est passé depuis longtemps du statut de star du tennis à celui de héros mondial, la reine aux côtés du roi du tennis garde les pieds sur terre. Anna Wintour se souvient d’une excursion avec Mirka à Milan, la Mecque de la mode, qui est restée gravée dans sa mémoire: «Je lui ai présenté tous les designers célèbres. Et Mirka, qui avait déjà rencontré la reine d’Angleterre, est restée très modeste. Ce qui m’a vraiment impressionnée? Le soir, elle ne connaissait pas seulement le prénom des designers, mais elle avait aussi retenu celui de notre chauffeur.»

Mirka peut tout aussi bien attraper de petites balles en feutre ou conduire de grosses voitures. A Wimbledon, elle saisit facilement avec sa main une balle de tennis qui vole dans le public. A Bâle, elle manœuvre sans problème l’énorme 4x4 Mercedes GL de la famille à travers des ruelles encombrées. Mirka ne doit jamais être sous-estimée. Un jour, elle a dit ceci: «Mon heure viendra. Après le tennis. C’est ce que nous avons convenu.»

Par René Haenig publié le 9 octobre 2022 - 09:13