Au Port-Noir, à deux pas de la nouvelle plage des Eaux-Vives, à Genève, on traverse une longue passerelle pour rejoindre Christianne Delobel et l’une de ses deux chiennes, Isean. Elle nous reçoit chez elle, sur un bateau à moteur long de 15 mètres. Notre première impression? C’est grand et confortable! Digne d’un joli 4 pièces genevois, l’espace se déploie sur plusieurs niveaux. Une terrasse extérieure, une pièce à vivre, une cuisine, un salon avec bureau, une chambre, une salle de bain et même un petit lit d’appoint en guise de chambrette d’amis. L’intérieur est chauffé et dispose de tout l’équipement présent dans un appartement, avec même une machine à laver. Deuxième impression? Ça tangue. N’a pas le pied marin qui veut.
«Je ne me verrais plus vivre dans un immeuble»
Les mouvements de l’embarcation ne semblent pas ébranler cette jeune retraitée qui vit sur l’eau depuis vingt-trois ans; les premières années, dans un plus petit navire amarré face au Jardin anglais et ensuite à bord de Lou, au Port-Noir. Qu’est-ce qui la séduit dans ce mode de vie? «Je suis proche de la nature, regardez ce panorama magnifique! s’émerveille-t-elle encore. On ressent l’ondulation du lac et les moindres variations météorologiques. Dès que le vent se lève, je le remarque. J’adore l’idée de partir en vadrouille avec ma maison, tout est à portée de main.» Taxe d’amarrage, assurances, impôts sur le bateau, le mazout de chauffage, l’essence, l’électricité et les réparations, Christianne a fait ses calculs et débourse 1700 francs par mois en moyenne. Une somme importante, mais qui reste loin des loyers exorbitants de la Cité de Calvin, pour une vue imprenable sur le lac.
Cette ancienne éducatrice sociale ne s’imagine pas revenir un jour sur la terre ferme. «Je ne me verrais plus du tout vivre dans un immeuble. A la rigueur à la campagne, dans une maisonnette, et encore... La situation est idéale ici, c’est très calme, il y a peu d’allées et venues, mais la ville reste toute proche.» Elle sait qu’elle peut compter sur le soutien et les coups de main de la petite communauté de personnes qui vivent comme elle à l’année sur le lac, de sa famille et de son fils, Thomas, qui l’a régulièrement aidée pour vider les eaux usées, une tâche à accomplir toutes les trois semaines.
Aujourd’hui séparée de son époux, c’est désormais seule qu’elle vogue sur le lac. Pour sceller cette nouvelle aventure, elle a rebaptisé son bateau dans le plus pur respect de la tradition. «Pour ne pas s’attirer la mauvaise fortune, il faut tuer le macoui, c’est-à-dire le sillage qui suit en permanence l’embarcation comme un serpent de mer. Il faut partir avec un bateau ami qui viendra tuer le serpent en coupant la vague trois fois et en le saoulant au rhum. C’était une journée merveilleuse, ensoleillée, sans le moindre vent, passée en compagnie d’amis sur le lac. Le début d’une nouvelle vie.»
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