A Crans-près-Céligny, c’est une châtelaine pas tout à fait comme les autres qui nous ouvre la porte de cette imposante demeure dressée sur un coteau de vignoble avec une vue imprenable sur le lac Léman. Catherine de Marignac, avocate et historienne de l’art de 67 ans, explique s’être lancée dans le mannequinat à l’âge de… 56 ans (sous le pseudonyme Catherine Loewe), un monde où il est plutôt coutume de faire l’éloge de la jeunesse.
«Je suis arrivée au bon moment, avec vraisemblablement un physique qui pouvait convenir. Les marques ont compris qu’il était ridicule de faire la promotion de crèmes pour peaux matures avec des jeunes filles de 15 ans.» Elle reconnaît que la différence d’âge s’est fait sentir sur les plateaux, mais celle-ci a plutôt été à son avantage. «Evidemment, j’aurais pu être la mère de ces personnes, mais mon expérience de vie permet une prise de recul et une certaine aisance. Les jeunes filles étaient plus impressionnées que je ne l’étais. La concurrence est féroce parmi ces modèles, c’est un monde difficile où il y a peu d’élues. Il faut dire aussi que le mannequinat n’est pas mon activité principale, je peux choisir mes collaborations.»
Si le temps ne semble pas avoir d’emprise sur son visage, son corps lui rappelle toutefois que les années passent. Des douleurs articulaires au réveil, de petits bobos ou encore une récupération plus lente dont elle s’accommode: «Comme Maman le dit avec humour: «Si on se lève le matin sans avoir une petite douleur quelque part, ça veut dire qu’on est mort.» Elle poursuit: «Le fait de ralentir vous permet d’analyser et d’apprécier mieux ce que vous vivez dans votre quotidien. Plus jeune, j’ai certainement dû courir à un moment donné après une biologie qui me posait des impératifs personnels et professionnels. Avec l’âge, ces préoccupations s’estompent et on essaie – ce n’est pas toujours facile – de vivre l’instant présent.»
La soixantaine, une étape charnière? «Chaque nouvelle décennie constitue un cap où nous sommes amenés à nous poser des questions existentielles. Celui-ci nous confronte peut-être, pour la première fois, à notre finitude. Jusqu’alors, nous sommes sur une pente ascendante, suivie d’un aplat confortable et finalement, à 60 ans, survient le moment où nous entreprenons une forme de descente. Bien sûr, nous sommes tous intellectuellement capables de saisir que nous ne sommes pas immortels, que nous allons disparaître. C’est inexorable. On le zappe aux passages de cap précédents mais, à 60 ans, cela devient plus compliqué de l’ignorer», confie celle qui se sent toujours jeune du haut de ses 67 printemps. Elle conclut: «Rester adaptable et curieux, ça, c’est la véritable jeunesse! J’aime comprendre, tout m’intéresse. Donc je me sens jeune, car je suis très curieuse!»
- La pire chose qu’on vous ait dite à propos de l’âge?
- Franchement, je n’en ai aucun souvenir. Au contraire, on a plutôt tendance à me dire: «Ah, c’est formidable, vous ne paraissez pas votre âge.»
- Votre devise sur le temps qui passe?
- Carpe diem. Avec le temps qui passe, on saisit l’importance de profiter du moment présent.
- Le plus bel âge?
- Je ne peux pas vous le dire, car j’espère ne pas être encore à la fin de ma vie.
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