«Cela faisait des années que je prenais sur moi au bureau, face aux injonctions permanentes et à l’obligation de faire ses preuves sans cesse, pour obtenir une augmentation, une évolution de poste, ou simplement conserver le sien... Mais, en 2020, au plus fort de la pandémie de Covid-19, tout a basculé.
Télétravail, succession de quatre supérieurs hiérarchiques différents, ordres et contre-ordres, le tout assombri par le décès de plusieurs proches, j’ai senti que je n’avais plus les épaules assez larges pour tout supporter et j’ai frappé à la porte de la médecine du travail. Mais, tandis que je pensais faire un simple signalement au sujet de mes conditions de travail, j’ai complètement craqué face au médecin. Impossible de m’arrêter de pleurer, je sanglotais comme une enfant de 3 ans. Je me suis retrouvée en arrêt de travail pour cinq semaines.
Très vite, j’ai pris les choses en main pour remonter la pente: médecin, psychologue et même coach. Confiante, j’ai repris le travail, jusqu’à une chute de vélo trois mois plus tard. Sauf que, arrivée aux urgences pour un coude cassé, de nouveau, je me suis effondrée. Cette fois, la carapace que je m’étais construite sans le savoir a complètement craqué: poussées de psoriasis, épuisement mental et physique, envie incessante de pleurer, j’étais à bout. J’ai compris que j’étais en burn-out, et probablement en dépression, depuis des mois, mais aussi à quel point le processus avait été insidieux. En me répétant que j’aimais mon travail, qu’il fallait jouer le jeu, prendre sur soi, j’avais mis les souffrances sous le tapis et moi-même contribué à mon mal-être...
Aujourd’hui? Je me reconstruis. Après avoir eu envie de changer complètement de vie professionnelle, je réalise que ma zone de confort, c’est ce que je sais et que j’aime faire. J’ai encore peur de retrouver le jeu de maltraitance sournois du monde professionnel, mais je sais maintenant un peu plus m’écouter.»
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