Ce n’est un secret pour personne: le personnel soignant des hôpitaux de Suisse romande a le vague à l’âme. Les professions du milieu hospitalier souffraient déjà de conditions de travail difficiles inhérentes au secteur de la santé. À cela est venu s’ajouter la pandémie de Covid-19, exacerbant encore la situation. Fort de ses 2700 employés répartis sur 5 sites dans le canton de Neuchâtel, le Réseau Hospitalier Neuchâtelois (RHNe) ne fait hélas pas exception.
Infirmière de formation et coordinatrice dans le domaine de la gestion de la santé en entreprise (GSE), Mylène Cordary Basin, 40 ans, connaît bien la problématique: «Je suis au fait des réalités pour avoir moi-même été sur le terrain il y a quelques années. Comme la plupart des hôpitaux de notre pays, le réseau hospitalier du canton est soumis aux contraintes propres du domaine de la santé: travail sans relâche 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, horaires atypiques pour les collaborateurs...»
Face à cette situation préoccupante, l’établissement s’est donné pour mission d’améliorer la gestion de la santé de son personnel afin que les différents sites des hôpitaux neuchâtelois améliorent leur attractivité et leur performance. Mylène Cordary Basin explique: «Il faut anticiper la problématique de pénurie du personnel soignant et médical et investir dans la qualité de vie au travail pour fidéliser notre personnel et être attractif. En tant que premier employeur du canton de Neuchâtel, cette mission nous tient particulièrement à cœur».
Dans le milieu médical où le facteur humain est omniprésent, la GSE a une importance cruciale. Les équipes se doivent d’être au maximum de leurs performances, car des erreurs peuvent être lourdes de conséquences. Comme le constate l’ancienne infirmière: «Un collaborateur qui est bien dans sa tête, bien dans son corps sera beaucoup plus performant au travail. Et la performance a un impact majeur sur la prise en charge des patients.»
Depuis janvier 2022 et après plus de deux ans d’investissement dans ce processus de certification, le RHNe a obtenu le label «Friendly Work Space» décerné par Promotion Santé Suisse. Mylène Cordary Basin précise: «Des mesures pour améliorer les conditions de travail des collaborateurs existaient déjà avant l’introduction du label. Ce dernier nous a permis d’avoir une ligne directrice, de structurer le cahier des charges et d’être plus efficaces dans l’application des dispositions.»
Le label «Friendly Work Space» définit le standard de qualité suisse pour la gestion de la santé en entreprise (GSE) mise en œuvre de manière systématique, avec le soutien du Secrétariat d’État à l’économie (Seco) et de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le label est délivré par la fondation Promotion Santé Suisse, soutenue par les cantons et les assureurs et disposant d’un mandat légal.
«En raison de son effet préventif et des mesures menant à une réintégration rapide des employés, une gestion de la santé en entreprise mise en œuvre de manière systématique est rentable pour l’entreprise. La GSE et le label «Friendly Work Space» en particulier exercent un effet d’attraction sur les chercheurs d’emploi, ce qui constitue un avantage pour les entreprises en phase de recrutement. Avec Apprentice, Promotion Santé Suisse propose aux responsables de la formation professionnelle une offre visant à renforcer la santé psychique des apprenties et apprentis» explique Thomas Brändli, chef de projet communication GSE.
La labellisation Friendly Work Space présente de nombreux avantages. Pour atténuer la problématique des horaires atypiques, le RHNe met à disposition des collaborateurs des salles de repos sur l’ensemble de ses sites et a investi dans des capsules de repos multisensorielles qui permettent des siestes récupératrices.
Outre des espaces propices à la détente, l’établissement propose des cours de yoga donnés par une collaboratrice. «Dans le secteur de la santé, nous sommes conscients que le personnel hospitalier est particulièrement soumis à de fortes sollicitations mentales, affectives et émotionnelles. Une discipline comme le yoga peut participer à la prévention des troubles musculo-squelettiques et des risques psychosociaux», souligne la coordinatrice GSE.
Véritable fléau dans le monde professionnel, la profonde fatigue physique et psychique touche de plein fouet le milieu hospitalier. «Nous nous devons de prendre en considération ces risques-là. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place l’an dernier un ambitieux projet de prévention des risques psychosociaux, et notamment du burn-out en organisant une conférence et des ateliers de sensibilisation et de formation sur ce thème pour les cadres et les collaborateurs», précise Mylène Cordary Basin.
Confiante sur les effets bénéfiques à long terme de la labellisation du RHNe, l’ancienne infirmière est convaincue que, d’une façon générale, les entreprises doivent investir dans la gestion de la santé en leur sein: «Notre maxime lors des journées consacrées au bien-être comme celle organisée en juin 2022: ‹Le bien-être inspire le bien faire›, parle d’elle-même». Espérons que son message sera entendu.