L’identification de nouvelles sortes de blé cultivables en bio relève d’un travail de recherche scientifique, dont les résultats peuvent être observés sur un terrain situé entre le lac de Zurich et la route qui le borde à Feldbach (ZH). Le terrain est entretenu par les collaborateurs et collaboratrices de la Sélection céréalière Peter Kunz (aujourd’hui appelée «GZPK»). Peter Kunz a créé son entreprise il y a 35 ans: il était alors convaincu de la nécessité de cultiver les céréales en agriculture biologique et biodynamique. Un véritable pionnier. Cette organisation à but non lucratif est soutenue depuis plus de 20 ans par le Fonds Coop pour le développement durable. Outre le blé, l’exploitation cultive aussi de nouvelles variétés d’épeautre, de triticale (un croisement entre le blé dur et le seigle), de blé amidonnier, de pois, de lupin, de tournesol et de maïs. Conformément aux principes de l’agriculture biologique, aucune de ces cultures ne doit donner lieu à l’utilisation d’engrais synthétiques ni d’herbicides.
L’entreprise connaît un succès retentissant. Près de la moitié du blé bio cultivé en Suisse provient de variétés sélectionnées ici. Elles se sont même exportées jusque dans le sud de l’Allemagne et en France. L’une d’entre elles est particulièrement appréciée: «Wiwa», une sélection autorisée depuis 2005. Elle entre d’ailleurs dans Volontaires et appliqués: les producteurs de blé bio la composition des pains bio Naturaplan de Coop. La sélection d’une nouvelle variété de blé bio est un travail extrêmement laborieux, explique le cultivateur Michael Locher. «Jusqu’à 20 ans peuvent s’écouler entre le premier croisement et le moment où les agriculteurs peuvent semer pour la première fois la nouvelle variété dans leurs champs.» La sélection à elle seule nécessite huit à neuf ans. Il faut ensuite compter entre trois et cinq ans pour l’autorisation, puis viennent encore la reproduction et la commercialisation. La variété doit se démarquer parmi des centaines de jeunes plantes.
Coop soutient la culture céréalière bio de Suisse, avec pour objectif d’ici 2027 de ne plus utiliser que des céréales Bourgeon pour la fabrication des pains bio Naturaplan. Coop propose près de 100 variétés de pains et petits pains bio, parmi lesquels des spécialités de saison comme les bonshommes de la Saint-Nicolas.
«Nous effectuons chaque année à la main entre 100 et 150 croisements de blé», déclare Michael Locher. «Nous réunissons des variétés qui, selon nous, ont les meilleures chances de pousser idéalement dans les conditions environnementales et de production futures. Même si nous ne savons pas exactement la manière dont elles évolueront.» À partir de ces
croisements, quelque 4000 épis dotés de propriétés favorables sont récoltés, puis semés à nouveau ultérieurement. Seuls 10% d’entre eux seront ensuite validés et cultivés en parcelles. Le travail nécessaire pour commercialiser une nouvelle sorte de blé bio est donc titanesque. Mais pour Michael Locher, ces années ininterrompues de sélection en valent la peine. Par exemple, si une nouvelle maladie apparaît, susceptible de menacer les variétés de blé existantes, les spécialistes ont la plupart du temps la possibilité de se rabattre sur une
sélection disponible qui n’est pas encore utilisée; celle-ci peut se révéler résistante à cette maladie et rejoindre rapidement le terrain grâce à l’inscription annuelle de nouvelles variétés candidates.
Naturaplan, la première et plus grande marque bio du commerce de détail suisse, fête ses 30 ans. Coop l’a lancée en 1993 et s’engage depuis, par le biais de cette marque et en étroit partenariat avec Bio Suisse, en faveur de produits respectueux de l’environnement et du bien-être animal. Aux côtés de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), Coop a également financé de nombreux projets pour la promotion et le développement de l’agriculture bio. Une histoire qui doit une grande partie de son succès à la fidélité de la clientèle. Ça se fête!
Michael Locher travaille depuis onze ans pour GZPK et il connaît aussi l’aspect pratique de l’agriculture. Il est d’ailleurs lui-même paysan, en plus de son travail à mi-temps. Il n’a pas pour objectif d’identifier les sortes les plus prolifiques ou les plus riches en protéines. Il cherche celles qui seront capables de garantir un rendement sûr et une bonne qualité de transformation même dans des conditions hostiles. En effet, il ne faut pas seulement que le blé bio pousse bien dans les champs des paysans. Il faut également que les boulangers puissent le transformer facilement. Avec les actuelles variations climatiques très prononcées, il devient de plus en plus important de connaître les variétés capables de résister. Les dernières années ont été très compliquées pour l’agriculture, mais elles ont été d’autant plus intéressantes pour les spécialistes de la sélection.
La sélection de blé bio est essentielle à l’avenir de l’agriculture biologique. Elle permet de ré-
duire les écarts de rendement entre du blé cultivé en agriculture conventionnelle et du blé bio. C’est pourquoi le Fonds Coop pour le développement durable soutient la sélection de semis de blé bio et d’épeautre bio. Parmi les succès ainsi enregistrés: la sorte de blé bio Wiwa de la Sélection céréalière Peter Kunz à Feldbach, que le fonds encourage depuis plus de 20 ans. Wiwa est aujourd’hui la variété la plus demandée dans l’agriculture céréalière bio de Suisse.
À quoi faut-il veiller lors de l’achat de céréales Bourgeon pour Naturaplan?
Nous nous assurons que la chaîne de création de valeur soit transparente, et qu’elle puisse être tracée jusqu’à l’agriculteur. Nous rendons régulièrement visite à nos fournisseurs de longue date. Compte tenu des critères très stricts de Bio Suisse, la disponibilité des céréales Bourgeon est plus limitée que celle des céréales bio de l’UE.
De quels pays proviennent les céréales Bourgeon qui entrent dans la fabrication des pains bio Naturaplan de Coop?
Nous utilisons des céréales Bourgeon (blé, épeautre et seigle) originaires des pays voisins, mais nous privilégions d’abord les céréales de Suisse. Cela nous permet de garantir l'écoulement des récoltes issues d’exploitations portant le label Bourgeon en Suisse.
Y a-t-il des écarts de qualité entre les céréales en provenance de l’étranger et celles de Suisse?
En raison de la qualité des sols, de la rotation des cultures et du climat, chaque région agricole doit faire face à des défis spécifiques. Nous apprécions cependant la régularité et le niveau élevé de la qualité de nos céréales Bourgeon – et ce aussi parce que des variétés spécialement sélectionnées pour l’agriculture bio en Suisse sont utilisées.
Quel est le rôle joué par GZPK?
Les variétés de céréales bio de GZPK conviennent parfaitement aux conditions de culture suisses. Avec tous les aléas que l’on a connus ces dernières années, elles ont donné lieu à des rendements relativement stables et à des qualités constantes.
D’ici 2027, les pains bio Naturaplan ne seront plus fabriqués qu’avec des céréales suisses?
C’est notre objectif. C’est pourquoi nous voulons rendre la phase de transition de deux ans pour le passage de l’agriculture conventionnelle à l’agriculture biologique encore plus attractive pour les fermes suisses. Nous achetons par exemple les céréales issues de récoltes converties au label Bourgeon à des prix nettement plus intéressants.