L’eau est cristalline, les roches ont été sculptées par le courant, et le soleil, juste au-dessus de nous, éclaire les fonds. Ils ne sont pourtant pas bien profonds, et pourtant. Et pourtant la Verzasca, nichée entre les falaises, est l’un des plus beaux sites de plongée en rivière du monde. Chaque année, amateurs passionnés et professionnels en quête de nouvelles aventures plongent dans les fonds de la rivière émeraude de 35 kilomètres de long comme on entrerait dans un musée. «Car plonger dans la Verzasca, c’est une expérience contemplative, c’est en prendre plein les yeux», nous explique Matthias Blättler.
Cela fait plus de 40 ans que ce plongeur-photographe arpente la rivière tessinoise. A l’âge de 15 ans, et après des heures passées devant les films du commandant Cousteau, celui qui a grandi sur les rives du lac Majeur chausse palmes et bouteilles pour la première fois, un passe-temps plutôt réservé à des nageurs et sportifs aguerris à l’époque, et plonge dans le lac avec un ami qui possède un équipement. Depuis, les palmes, il ne les a plus quittées et la Verzasca ne lui cache presque aucun secret. Ces secrets, Matthias Blättler les raconte dans un livre, «Verzasca, dimensione acqua», une balade dans la rivière tessinoise en photos.
Un chemin tracé par les roches
Car plonger dans la Verzasca est une expérience particulière. Et quoi de mieux que de chausser les palmes sous le Ponte dei Salti (le pont des sauts en français), une double arche construite au 17e siècle à l’emplacement d’un ancien pont romain qui enjambait la rivière émeraude. «Lorsque l’on pense à la plongée, on pense à la mer, mais la rivière apporte quelque chose de différent, détaille Matthias Blättler. Il y a d’abord la technique qui est toute autre à cause des courants et qui demande un équipement bien plus léger pour pouvoir se mouvoir avec agilité et puis surtout il y a cette eau, fabuleuse et transparente.» L’eau de la rivière a été filtrée par la roche, ce qui explique sa pureté impressionnante. La Verzasca n’est pas très profonde, entre 8 et 15 mètres selon les endroits, et l’on y trouve bien quelques truites, mais ce qui la rend unique ce sont les roches qui tracent le chemin et dont la forme sculpturale détaille l’histoire de la rivière. «Cette forme si particulière est liée au courant de l’eau qui coule depuis des millions d’années, mais on peut aussi observer les veines de la roche sous-marine. En s’approchant, on peut y voir du jaune, du rouge, du bleu, cette particularité géologique est caractéristique de la Verzasca, et même dans les vallées toutes proches, comme la Valle Maggia, cela n’existe pas», explique Matthias Blättler. Plus qu’une expérience sous-marine, plonger dans la Verzasca c’est aussi la découverte d’une géologie millénaire qui témoigne de l’histoire unique de la vallée et de la région d’Ascona Locarno.
Plonger dans la Verzasca, cela se mérite et mieux vaut s’équiper d’une bonne combinaison, de gants et d’une cagoule pour se protéger du froid. Sous l’eau, la température oscille entre 8 et 12 degrés. «Et le courant est peut-être la chose à laquelle l’on doit faire le plus attention. Contrairement à la mer, il faut bien choisir l’endroit où l’on rentre dans l’eau», explique le plongeur. Mais pas de panique pour autant, l’expérience sous-marine est accessible à tout le monde à condition que les débutants soient accompagnés par un plongeur aguerri et expérimenté de la rivière. Petit conseil d’expert: privilégiez le mois de septembre ou octobre, il y a moins de monde et la lumière rend la rivière encore plus belle. C’est possible.
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