Le 30 novembre à 18 h 30: concert live de Stephan Eicher en streaming
Stephan, comment allez-vous?
Comme tout le monde. Je trouve la situation un peu bizarre, chaotique et émotionnelle, mais la vie est souvent ainsi.
Comment la pandémie vous affecte-t-elle en tant qu’homme et en tant qu’artiste?
J’ai passé la première vague en France, où la police était nettement plus tatillonne. A la suite d’un contrôle, j’ai dû payer une amende parce que j’avais signé mon attestation de déplacement avec un crayon plutôt qu’avec un stylo. Nous étions véritablement enfermés et c’était une période difficile. Je vis la deuxième vague en Suisse, où nous bénéficions d’une liberté beaucoup plus grande. Je peux me promener, travailler, vous rencontrer, autant d’activités qui seraient proscrites en France. Pourtant, ce n’est pas non plus la vie telle que nous la connaissions il n’y a pas si longtemps.
«Je pourrais même payer pour retrouver le public»
STEPHAN EICHER
La deuxième vague a-t-elle été l’un des motifs qui vous ont incité à revenir en Suisse?
Elle a certainement joué un rôle dans ma décision. Je suis revenu en Suisse pour me remettre à travailler. Au début mars, tout s’est arrêté brutalement, nous n’avions plus de travail, plus de recettes. Ensuite, nous avons pu nous produire à cinq reprises pendant trois semaines en octobre. En règle générale, je donne entre 60 et 70 concerts par année pour maintenir la troupe à flot, les musiciens, les techniciens et mon équipe. Aujourd’hui, avec cinq concerts, tout est devenu plus compliqué d’un point de vue financier. Je suis aussi venu en Suisse, car je n’ai pas supporté l’attitude du gouvernement français. Je crois toujours en la démocratie et je pense que le peuple a le droit de s’exprimer sur la manière dont il souhaite gérer une situation.
Des artistes, des musiciens ainsi que de nombreuses personnes qui gagnent leur pain en se produisant en public luttent désormais pour leur survie. Qui doit les aider? L’Etat?
Lors du premier confinement, j’étais parfaitement d’accord de prendre mon équipe en charge – 14 personnes au total. J’ai assuré ce financement avec l’argent que j’avais mis de côté pour mes vieux jours. Avec la deuxième vague, je ne suis plus en mesure de le faire. Lorsque je me produis avec mes musiciens et mes techniciens, je n’ai pas besoin d’être rémunéré. C’est un plaisir et je pourrais même payer pour cette rencontre avec le public. Cependant, nous ne sommes pas simplement sur scène parce que nous avons du talent ou que nos chansons sont plaisantes à écouter. Notre présence s’explique aussi par le travail que nous avons mené à bien au préalable: des heures, des semaines, des mois d’efforts. Nos tournées estivales exigent des investissements depuis le début de l’automne de l’année précédente. Tout cela représente beaucoup de temps, d’engagement, de répétitions. Lorsque nous sommes dans l’impossibilité de travailler, je pense que l’Etat devrait nous soutenir. Ou laissez-nous travailler de nouveau !
Des sponsors devraient-ils prendre la relève?
Cela me semble difficile. Je n’écris jamais de chanson pour une compagnie d’assurances, par exemple. Je chante le plus souvent pour des personnes, des situations. Auparavant, nous avons déjà joué dans un clip pour le roi et le pape. Peut-être que ce sera bientôt de nouveau le cas.
Le 30 novembre, vous donnez un concert live en streaming pour la Baloise Session @home. Quel est le principal défi d’une telle prestation?
Je suis heureux que mon pianiste, Reyn Ouwehand, soit aussi un spécialiste de Facebook. Ensemble, nous avons développé une nouvelle forme de streaming: sans écouteurs et avec des instruments très acoustiques, tout est très ouvert. Pour la Baloise Session @home, nous ne jouerons pas sur la scène, mais dans la salle, là où le public prend habituellement place. Cette disposition revêt une portée symbolique à mes yeux. Sur les planches, je souhaiterais voir une bougie avec une personne qui protège sa flamme de la main – comme une image de l’attention portée à la culture. Peut-être qu’un conseiller fédéral pourrait tenir ce rôle?
Le streaming live peut-il être une nouvelle forme de culture pour le monde musical?
Nick Cave l’a fait en jouant du piano dans un palais désert. J’ai apprécié cette prestation, elle était parfaite. En revanche, Billie Eilish, que j’estime aussi beaucoup, m’a déçu. Lorsqu’il faut payer 30 dollars pour regarder un musicien dans un clip vidéo, je ne suis plus d’accord!
«Peut-être jouerons-nous bientôt de nouveau pour le roi ou le pape?»
STEPHAN EICHER
Quels sont vos prochains projets?
J’essaie de monter un spectacle qui me permettra d’aller à la rencontre du public, même en temps de covid, dans le respect des mesures d’hygiène. J’ai le sentiment que la pandémie ne sera pas encore derrière nous en 2021. J’ai l’intention de mettre sur pied un petit cirque qui se produira dans des lieux surprenants, comme des châteaux ou des bunkers de l’armée. En direct et sans streaming. ZVE
CONCERT EN LIVE STREAMING BALOISE SESSION @HOME
La Baloise Session appartient aux festivals de musique les plus renommés de Suisse. Depuis de nombreuses années, elle bénéficie du soutien de la Bâloise Assurances qui, sous la devise «Baloise goes Music», apporte son appui à la scène musicale suisse. Cette année, le nouveau format de la Baloise Session @home a été créé afin de transmettre aux fans des événements musicaux de manière numérique et en ligne.
Les concerts sont diffusés sur www.facebook.com/BALOISESESSION et www.baloisesession.ch/@home. Ils sont interactifs grâce à un chat et commencent à 18 h 30. Le 30 novembre, Stephan Eicher donnera un concert exclusif à l’intention de ses fans online.
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