En termes de commerce équitable, la Suisse est une vraie championne du monde: l’année dernière, les habitants de notre pays ont dépensé en moyenne 107 francs pour les produits labellisés Fairtrade Max Havelaar. Cette somme est bien supérieure à celles de nos voisins, puisqu’elle s’élève à 25 francs par personne en Allemagne et à 48 francs en Autriche. Coop peut se targuer de participer à ce succès. Elle offre le plus large assortiment équitable au monde. Qu’il s’agisse de branches de chocolat ou de café, de thé vert ou de produits cuisinés ou, bien entendu, de fruits exotiques tels que les bananes ou les mangues, les consommateurs n’ont que l’embarras du choix. Au total, 1333 produits équitables sont proposés. Ce qui se reflète sur le chiffre d’affaires de Coop: en Suisse, un produit Max Havelaar sur deux est vendu chez le détaillant.
Cette success story a débuté il y a plus de 30 ans. Dans les années 1970, les Magasins du monde font office de pionniers. Au début des années 1990, l’offre équitable prend une dimension nouvelle quand les six grandes organisations d’entraide suisse Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et EPER s’unissent avec la coopérative d’import OS3 pour créer un label de café équitable. Motif de cette nécessité d’agir: le prix du café sur les marchés mondiaux connaissait alors une chute vertigineuse et de nombreux petits producteurs se retrouvaient ruinés. Il fallait donc développer un label basé sur le modèle hollandais Max Havelaar, favorisant des pratiques commerciales justes et donnant plus de poids aux producteurs. Une étude de faisabilité est alors réalisée au moyen d’un projet de café – et se révèle concluante. L’intégralité du travail préliminaire est couronnée de succès et de plus en plus de clients se montrent disposés à acheter du café équitable. Coop témoigne elle aussi un intérêt marqué et Max Havelaar Suisse n’est dès lors plus un produit de niche. La fondation voit le jour le 14 février 1992. Quelques semaines plus tard, les premiers emballages de café équitable sont disponibles dans les étals de Coop et d’autres détaillants. Le financement était assuré et, fait quasi révolutionnaire, le Seco avait versé un montant non négligeable. Il avait compris que cette promotion des importations était pertinente du point de vue du développement.
Voici comment fonctionne le fairtrade
Le fairtrade est un système international qui donne un rôle plus important aux producteurs et encourage des pratiques commerciales équitables. Pour que cela fonctionne, tous les acteurs le long de la chaîne d’approvisionnement sont impliqués. Le fairtrade ne se limite pas à une culture durable: le commerce, la politique et les consommateurs jouent eux aussi un rôle central.
Ces bases posées, le mouvement équitable ne cesse de croître au cours des années suivantes. De plus en plus de producteurs veulent participer au programme équitable. La gamme de produits s’élargit elle aussi: après le café, le label Max Havelaar est présent sur le miel, le chocolat, le sucre et le thé. Coop a joué un rôle de premier plan lors du lancement des bananes. Dans le cadre d’un projet pilote, le grand distributeur met sur pied une nouvelle chaîne d’approvisionnement directement depuis les producteurs en Équateur. Un pari risqué, auquel d’autres grandes enseignes ont préféré renoncer au vu du caractère périssable de la marchandise. Coop, elle, tente l’aventure. Et en est récompensée. À partir de 1997, les bananes conventionnelles cèdent peu à peu la place à leurs consœurs équitables. Et la concurrence, d’abord sceptique, finit par rejoindre le mouvement. Mais même dans les années qui suivent, Coop a toujours au moins un temps d’avance. Elle fait ainsi munir nombre de ses propres marques du label Max Havelaar, qu’il s’agisse de riz exotique, de chocolat ou de café. De plus, Coop a été le premier supermarché suisse à introduire le label Fairtrade Max Havelaar pour des composants individuels. Ce label permet de déclarer les parties d’un produit global cultivées et commercialisées de manière équitable, comme les roses dans les bouquets de fleurs. En d’autres termes, les producteurs peuvent vendre une plus grande part de leur récolte à des conditions équitables, ce qui leur permet de bénéficier d’un revenu plus élevé et de meilleures conditions de vie. Outre les plantations, des exploitations de petite taille sont elles aussi soutenues, notamment par le biais de projets pilotes misant sur le cacao au Ghana ou le café au Honduras. La détermination affichée de Coop et Max Havelaar à promouvoir le commerce équitable suscite de nombreux éloges. Le slogan d’anniversaire sonne ainsi comme une promesse, celle de continuer sur la même voie ces 30 prochaines années: «The future is fair». Avec pour objectif avoué de donner plus de poids aux petits paysans, aux employés des plantations et à leurs familles dans les pays émergents ou en développement, a n qu’ils soient en mesure d’améliorer leurs conditions de vie par eux-mêmes.
Cinq questions à Pius Marti
Comment allez-vous fêter cet anniversaire?
Nous voulons montrer ce que nous avons atteint en 30 ans avec Fairtrade Max Havelaar: le plus large assortiment au monde, avec plus de 1300 articles et divers projets pionniers visant à offrir un revenu suffisant aux plantations et aux exploitations fermières.
Comment la clientèle de Coop peut-elle y contribuer?
Nous proposons des opérations fidélité, des actions de vente ou encore des dégustations de produits équitables dont profitent notre clientèle, mais aussi les producteurs.
La Suisse accorde-t-elle plus d’importance au commerce équitable que d’autres pays?
Les chiffres d’affaires par personne montrent que c’est le cas. Notons cependant que le grand engagement de Coop en la matière a certainement contribué à cette prise de conscience.
Quelles sont les meilleures ventes?
Le leader incontesté est la banane fairtrade, surtout en qualité bio. Les mangues, les limettes, les fruits de la passion et es croissants au chocolat sont eux aussi très appréciés.
Quels sont vos autres objectifs?
Nous voulons rester le numéro 1 du commerce équitable. Non seulement en termes d’assortiment et de chiffre d’affaires, mais aussi par le biais d’actions pionnières qui font progresser le commerce équitable comme il y a 30 ans, par exemple un revenu décent ou une chaîne d’approvisionnement transparente.