Piotr Wojcik, 55 ans, photographe polonais indépendant:
«Je suis photographe à Varsovie, j’ai une longue expérience. Jamais je n’aurais pensé vivre une chose pareille en Europe. J’ai suivi ce qui s’est passé en Biélorussie, mais là c’est complètement différent, à cause de la masse: il y a environ 300 000 personnes autour de la frontière polono-ukrainienne. Quand je suis arrivé dans cette gare, à une dizaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, les trains arrivaient de Kiev et d’Odessa, avec des retards de 5 à 6 heures, et complètement pleins: chacun d’eux contenait entre 1000 et 1600 personnes. Ceux qui parviennent aujourd’hui ici ont parfois attendu pendant trois jours à la frontière, dans le froid. Il fait -5°C la nuit, les gens arrivent épuisés et affamés. D’autres viennent à pied. Ici, ils reçoivent de la nourriture chaude et peuvent téléphoner. Quand je parle avec eux, ils n’ont aucune idée de ce qu’ils vont faire, de ce qui va se passer pour leurs enfants, pour leur travail. Ils ne voient aucun futur devant eux.»