Le claquement métronomique des cordes à sauter entête, rythme, calme et canalise les esprits. Tels des pilotes automatiques, les visages rougis entrent dans un état quasi méditatif propice aux efforts à venir.
GABRIEL MONNET
A 17 ans, Olivia Blanc s’apprête à disputer son 31e combat – le deuxième en boxe anglaise – en parallèle du light-contact (les coups sont portés mais non appuyés) et du kickboxing qu’elle pratique. La gymnasienne fait partie des neuf poulains du Lausanne Boxing Institut à combattre au Championnat romand de boxe, à Vernier (GE).
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Tête, buste, taille, bras… Olivia Blanc répète inlassablement sa garde dans un enchaînement fluide quasi reptilien. Et puis, dans une expiration vive et sonore, le bras et le poing se déplient. Les droites partent comme des balles.
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Olivia Blanc combat deux fois moins que les boxeurs et s’entraîne souvent face à des hommes, faute d’adversaires féminines.
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Gainage, cardio, renforcement… la boxe anglaise est avant tout une affaire d’abnégation. Une étape indispensable pour allier force, puissance, vitesse et réactivité.
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Au sous-sol de la salle du Lignon, une cinquantaine de combattants – dont dix femmes – s’agglutinent en sous-vêtements. Toutes et tous attendent de très longues minutes leur tour à la pesée fatidique. On se jauge, on s’observe, on entre petit à petit dans la compétition.
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Olivia Blanc est au poids. Vient l’heure de la visite médicale. Contrôle neurologique, des os de la main et des poignets… «Bon combat», conclut le médecin.
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A quelques heures de monter dans le ring, Olivia Blanc est impassible, concentrée, répétant inlassablement les gestes. La boxeuse est complètement hermétique à la frénésie du monde extérieur. Elle maintient le seul canal de communication avec Alain Coppey et Vannès Klinger, ses coachs.
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La boxe exige la force, la tête, l’agilité, la vitesse et le souffle. Afin de réunir le tout, Olivia Blanc s’entraîne entre sept et neuf fois, cinq jours par semaine.
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Malgré ses succès, la route d’Olivia est encore longue. Elle va devoir faire sa place chez les adultes pour ensuite envisager une place en équipe nationale et des participations aux Championnats d’Europe et du monde.
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La cloche du ring sonne. Olivia maintient son adversaire à distance puis l’assomme de gauches, de droites, d’uppercuts et de crochets. Elle ne lui laisse aucun répit. Puis triomphe.
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En finale, Olivia Blanc n’a qu’un seul combat dans le ring. Neuf petites minutes dans l’arène qui exigent des années de préparation.
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Olivia Blanc confesse «une nature énergétique» supérieure à la norme. Son père, Gontran Blanc, lui suggère les arts martiaux pour canaliser cette enfant qui ne tient plus en place. En 2017, à seulement 13 ans, l’adolescente pousse la porte du Lausanne Boxing Institut.
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Il est 15 h 12, ce dimanche 22 mai, lorsque le bras gauche d’Olivia se lève dans le ring au Championnat romand de boxe. La compétitrice triomphe de son adversaire, Olive Guhl. Sans rancune. «On se tape, certes, mais on le fait dans le respect de l’adversaire. C’est d’ailleurs une valeur fondamentale de la boxe», insiste Olivia.
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