Designer suisse de mode, Yannik Zamboni a choisi cette voie après une reconversion professionnelle. A peine son bachelor en «fashion design» en poche, l’artiste originaire de Bâle lance Maison Blanche, sa marque qui va éblouir la «fashion sphere» outre-Atlantique. La Fashion Week de New York a beaucoup parlé de sa collection baptisée Back. «Je savais que ma signature allait trancher aux Etats-Unis», affirme l’étoile montante qui crée des vêtements non genrés, à son image. Comme c’est une personne qui se définit comme non-binaire, le pronom iel, qui est entré dans le dictionnaire en 2022, lui correspond le mieux. Cet article l’utilisera.
Sachant que les premiers pas de l’Alémanique ont été compliqués, son nouveau succès a une saveur particulière. «En commençant, j’ai essuyé de nombreux refus avec mes demandes de subventions. La Suisse n’aime pas vraiment prendre de risque et mon concept était audacieux. Imaginez demander des fonds pour réaliser une collection déconstruite et durable, qui inclut tous les genres et les tailles! J’étais «too much».»
Place aux parfums
C’est en participant en 2022 à l’émission de téléréalité américaine «Making The Cut» que sa carrière démarre en trombe à 36 ans. En compétition avec d’autres stylistes internationaux, Yannik Zamboni remporte la cagnotte de 1 million de dollars pour commercialiser sa marque. La mannequin Heidi Klum, qui produit le show, tombe sous le charme de ses créations. Elle porte même une de ses réalisations aux People’s Choice Awards, en décembre dernier. Une robe éclatante de blanc, avec des motifs vert pétant, couleur hommage aux foulards brandis en Amérique latine comme symbole de lutte pour le droit à l’avortement.
Réaliser des pièces abstraites, c’est son choix, sa signature, afin de mettre en valeur la découpe de l’habit. «Je suis sous le charme des matériaux bruts. Le blanc, c’est un canevas qui me calme.» Les tissus assemblés proviennent d’invendus et de fouilles dans les textiles vintage. Iel tente de travailler au maximum avec des fibres naturelles, aspirant à créer un jour des vêtements compostables.
Ses looks sont aussi engagés, car Yannik Zamboni vise à toucher tous les publics avec ses vêtements, notamment la communauté LBGTQIA+. «Je n’ai pas envie d’entrer dans une case. Je crée pour toutes les minorités, qui méritent d’être vues. Réunies, elles sont plus nombreuses que le marché mainstream. C’est un argument économique qui devrait convaincre les investisseurs.»
Cette période est bien remplie pour l’artiste, qui a dorénavant son atelier à Zurich. Une collection de fragrances de parfums conçues par Maison Blanche devrait bientôt voir le jour. Avant cela, un «pop-up store » va germer ce printemps. Sur place, il y aura les dernières-nées de sa marque indépendante, mais aussi quelques coups de cœur de sa collaboration avec le géant Amazon Fashion.
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Il faut expliquer ce partenariat inattendu: avec sa victoire dans «Making the Cut», Yannik Zamboni a signé un contrat pour codévelopper une collection de prêt-à-porter pour la multinationale. Au même titre que d’autres colosses de la «fast fashion
», elle est évidemment pointée du doigt pour ses dégâts environnementaux. Avec la collection Rare/Self siglée Climate Pledge Friendly, un programme qui se voudrait plus écologique dans la production de masse, Yannik voit un impact positif: «Je pense qu’on peut davantage changer un système de l’intérieur, comme celui de l’industrie de la mode.»
- Marque créée en 2020
- Concept: mode consciente, équitable, non genrée, slow et sociopolitiquement engagée
- Instagram: près de 16 000 followers
- Gagnant, en septembre 2022, de l’émission Making the Cut organisée par Heidi Klum aux Etats-Unis
- Adjectifs sur son travail dans la presse: inclusif, démonstratif et engagé
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