Tous les organes humains ne fonctionnent pas constamment à plein régime. Des activités telles que la digestion et la régénération, la productivité intellectuelle et physique ne se répartissent pas également sur vingt-quatre heures. Mais à vrai dire, ce n’est pas une horloge interne centrale qui préside à tout ça.
L’an dernier, des chercheurs en médecine ont décroché le prix Nobel pour leurs travaux sur la mouche drosophile et la découverte que presque chaque cellule possède son horloge génétiquement déterminée. «Dans toutes les cellules, la protéine PER sert quasiment d’horloge», assure le chronobiologiste bâlois Christian Cajochen. Cette horloge se développe d’elle-même dans chaque cellule puis disparaît. Mais chaque organe, chaque tissu, chaque type de cellule a son propre horaire. En même temps, les cellules du corps se synchronisent entre elles. «C’est ainsi que l’organisme obtient une structure temporelle.»
Risque de grippe
La digestion, par exemple, ne travaille efficacement qu’à certaines heures, celles auxquelles le corps a préparé les organes. Lorsqu’on mange à n’importe quelle heure, on accumule plutôt des graisses. Et les gens qui se trouvent tôt le matin parmi des semblables malades de la grippe risquent davantage d’être contaminés, car le système immunitaire travaille moins bien le matin que le soir.
«En organisant ses activités selon l’horloge interne, on vit de manière plus salutaire», insiste Christian Cajochen. Les gens qui travaillent par équipe, perturbant ainsi leur horloge interne et les processus corporels, encourent un risque plus élevé de surpoids, de diabète et de dépression. L’OMS soupçonne le travail par équipe d’engendrer des cancers. Même le fait de commencer très tôt le travail ou l’école et de dormir ensuite longtemps le week-end crée le chaos dans le corps. Il conviendrait au moins de s’en tenir toute la semaine aux mêmes heures de repas.
Lève-tôt et couche-tard
Après un long vol ou lors du passage de l’heure solaire à l’heure d’été (légale), l’horloge interne a besoin de plusieurs jours pour se remettre… à l’heure. La lumière du jour enregistrée sur la rétine donne à cet effet une impulsion décisive. Reste que la marge de manœuvre individuelle est considérable: les lève-tôt s’activent aisément dès l’aube et se couchent plus tôt le soir, tandis que les couche-tard peinent à se lever le matin mais aiment veiller tard le soir.
Texte de Andreas Grote, journaliste au «Beobachter».