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Santé naturelle 

Le CBD, un produit miracle? Visite guidée chez un producteur

Dans la région de Vevey, chez Babylon Sciences, producteur de CBD, on cultive de 25 000 à 30 000 plantes par an. Il y a même une «nurserie». Découverte des dessous de la culture d'une plante controversée. 

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CBD

L’effeuillage, une «coupe de cheveux» nécessaire pour économiser l’énergie de la plante et optimiser sa croissance en retirant les feuilles superflues.

GABRIEL MONNET

Mais où se cachent les cultures de CBD en Suisse romande? Pas si facile de les repérer. Elles se font discrètement et certains producteurs sont peu enclins à parler de leur activité. C’est finalement dans la région de Vevey qu’un producteur nous ouvre ses portes. Babylon Sciences y a installé son imposant site de production. Cette entreprise spécialisée dans le développement de produits à base de CBD depuis 2018 fait partie des plus importants acteurs de ce nouveau marché en Suisse. La production y est non seulement imposante, mais aussi industrialisée et très minutieuse.

La visite commence dans une zone industrielle tout ce qu’il y a de plus classique et pourtant, dans les sous-sols se trouve le site de production. Trois employés s’y occupent de la culture et de la récolte du CBD, mais, au total, l’entreprise compte plus d’une vingtaine de collaborateurs. Son cofondateur Cédric Rimella s’improvise guide le temps d’un après-midi et détaille au fur et à mesure les différentes étapes de la chaîne de production.

Dans une première salle se trouve le cœur de la culture, les plantes mères. Sans elles, rien n’est possible. «C’est grâce à elles qu’on prépare nos boutures», explique Cédric Rimella en désignant une rangée de gros pots contenant des plants de cannabis massifs. Etape suivante: la «nurserie». Les fameuses boutures, pas loin de leurs «mamans», sont préparées dans de petits pots, attendant de grandir suffisamment pour être apportées en salle de floraison. «La floraison dure deux mois et on a quatre salles prévues pour ça», poursuit Cédric Rimella. Ce jour-là, deux immenses salles sont plongées dans le noir, car les plants ont besoin d’un cycle jour-nuit très strict. L’idée est de reproduire leur environnement lumineux naturel afin qu’elles poussent le plus possible avant de déclencher la floraison.

Une fois la taille voulue atteinte, les temps d’exposition à la lumière changent et la floraison se met en marche, comme à la fin de l’été. «La plante pense qu’elle va mourir et, du coup, elle fait des fleurs pour se reproduire.» Aucune chance, cela dit, que cela arrive puisqu’il n’y a que des plantes femelles. «Si on a du pollen d’une fleur mâle qui entre, c’est très mauvais. Ça circule partout, surtout avec le système de ventilation qu’on a ici!» Car, oui, il y a beaucoup de courants d’air chez Babylon Sciences. Pour renouveler l’air ambiant et gérer l’humidité, mais aussi pour faire bouger les plants et les fortifier. Malgré la ventilation, l’odeur caractéristique du cannabis est fortement présente.

CBD

Une fois cueillies et séchées, les fleurs sont stockées dans des barils en attendant d’être vendues ou transformées.

GABRIEL MONNET

La visite continue au milieu des innombrables pots qui remplissent les salles de floraison. «On produit entre 25 000 et 30 000 plantes par année, sur une surface de 1500 mètres carrés, détaille Cédric Rimella. En termes de production, ça représente 5 tonnes de fleurs fraîches et donc 1 tonne de fleurs séchées par année.» Mais ce n’est pas tout, puisque les petites feuilles qui sont enlevées lors de la récolte des fleurs sont pleines de résine et peuvent aussi être utilisées. «On s’en sert pour l’extraction de CBD; ainsi, il n’y a presque pas de perte. On ne jette que la tige, parce que même si on décidait d’en faire de la fibre de chanvre on ne serait pas compétitifs face à des exploitations agricoles», explique Cédric Rimella.

Dans l’entrepôt, des barils remplis de fleurs séchées de diverses variétés témoignent de l’important volume de production. Cependant, le patron confie vouloir s’éloigner, à terme, de la vente de fleurs. «Nous sommes spécialisés dans les produits neurocosmétiques. Nous avons développé, conjointement avec un laboratoire suisse, une gamme de produits cosmétiques. Le CBD est bon pour la réduction du stress et de l’anxiété et ça se ressent sur la qualité de la peau. On a donc décidé d’allier les bienfaits d’un cosmétique classique aux effets du CBD pour avoir un double effet.» Après plus de deux heures passées entre les plants de cannabis, le constat est clair. Le CBD en Suisse, c’est une affaire sérieuse.


 

Le CBD, un produit miraculeux?

 

A en croire les sites de vente en ligne, le CBD est aux plantes médicinales ce que le bicarbonate de soude est aux produits de nettoyage. Anxiété, maux de tête, stress, dépression, rhumatismes, courbatures, problèmes intestinaux, il sert à tout. Alors, le CBD est-il réellement miraculeux? Même si les recherches à ce sujet ne sont pas encore assez nombreuses pour arriver à un consensus scientifique, celles qui ont été publiées relèvent que les effets qu’on lui attribue sont bien réels. Selon une étude publiée en 2020 dans Best Practice & Research: Clinical Anaesthesiology, une revue spécialisée dans l’anesthésiologie et le traitement de la douleur, les vertus analgésiques et déstressantes attribuées au CBD sont scientifiquement fondées. Cerise sur le gâteau, on ne lui connaît presque aucun effet indésirable.

CBD

Les jeunes boutures de cannabis patientent à la «nurserie» avant d’être déplacées dans les salles de croissance.

GABRIEL MONNET

Pour Frank Zobel, spécialiste en cannabis et CBD chez Addiction Suisse, le constat est aussi très positif. «On a vu beaucoup de gens nous dire que le fait de consommer du CBD les avait soulagés.» Pour certaines personnes dépendantes à d’autres produits, le CBD peut même s’avérer utile pour diminuer leur consommation. Une étude réalisée par la société uWeed et l’Association suisse de l’industrie du cannabis (CI Chanvre) relevait par ailleurs en août 2021 que 57% des répondants avaient ressenti des effets positifs forts à très forts sur leur santé. Ils consommaient du CBD pour se relaxer et mieux dormir ou comme analgésique.

De son côté, Swissmedic a autorisé depuis le 10 février 2021 l’utilisation d’un médicament à base de CBD, l’Epidyolex, qui peut être prescrit comme traitement d’appoint chez les enfants souffrant d’épilepsie.

Par Grégoire Egger publié le 18 novembre 2021 - 09:11