Ce samedi de juillet, ils furent une quarantaine (un record pour nos ateliers) à pénétrer en deux groupes dans le bois du Devens (NE) comme on entre dans la maison de quelqu’un. A leur tête, tambour en main, la géobiologiste Joëlle Chautems avait posé le décor: «Allez-y avec la conscience que vous êtes un être humain habité de vie et que vous entrez dans un autre espace habité de vie. L’arbre a une forme de conscience, comme la pierre ou l’animal. Vous serez chez eux.» Ce que ces éléments dégagent et que nous ignorons superbement, elle glisse qu’elle a la chance de le sentir, même si sa perception est moins forte que quand elle était enfant.
Tout en douceur, mais en sachant où elle voulait amener ses ouailles, elle leur a ensuite demandé de visiter leurs cinq sens, chacun à son tour, afin de «vous libérer du cumul des informations, de vous purifier». On vit ainsi les participants mâcher, toucher ou contempler leur environnement, de pierres en feuilles, en s’appliquant à oublier la force de leur mental. Puis, avec un rire de petite fille, Joëlle Chautems enjoignit de jouir de tous ces sens en même temps, avec le message: «Je suis une porte ouverte et le monde s’adresse à moi à travers eux.» Il régna alors une belle qualité de silence dans la clairière, que même l’irruption de preux militaires et de véloces vététistes n’embrouilla pas.
Chacun choisit finalement un arbre avec, dit l’experte, l’intention de «lui montrer que vous le voyez et que vous lui offrez le cadeau d’exister». Puis tous reprirent le cours de leur vie. Venu de Semsales (FR) avec son épouse Martine, Dan Campiche eut ce joli mot sur le chemin du retour: «Quand j’irai aux champignons, je les regarderai différemment. Là j’avais un caillou en main. Plutôt que de le jeter, je l’ai reposé délicatement.»
>> Vient de paraître: «Mégalithes de Bretagne», par Pascal Lamour et Joëlle Chautems (Ed. Favre)
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