Valentina Andrei, vigneronne à Saillon: la fée des terroirs

Auréolé de sommets enneigés, le bourg de Saillon – le plus beau village de Suisse romande 2013 – s’épanouit au milieu des arbres fruitiers en fleurs et des vignes qui grimpent le long des coteaux ensoleillés. C’est là que Valentina Andrei a installé sa cave en 2016. Pourtant, rien ne destinait cette jeune vigneronne à s’installer en Valais. Et à se retrouver, en quelques années, à la tête de l’un des domaines les plus plébiscités du canton.

Aujourd’hui, les amateurs éclairés se disputent les bouteilles portant les initiales VA. De Paris à Monaco, en passant par Genève, Sierre, Crissier et Singapour, les sommeliers des plus grandes tables sont fiers d’inscrire ses crus sur leurs cartes des vins. Un joli destin. Car Valentina, enceinte jusqu’aux yeux, qu’elle a pétillants, a le verbe teinté d’un accent chantant. Celui de Botosani, dans le nord de la Moldavie roumaine, où elle est née en juillet 1983. «Mes parents cultivaient du blé, du maïs et un peu de vigne», raconte-t-elle, en précisant: «La Roumanie est le premier producteur mondial de chasselas.» Amusant, dès lors, de la retrouver aujourd’hui dans le pays où le fendant est roi!

>> Lire aussi: Jérôme Aké Béda: «On n’est pas Vaudois si on n’aime pas le chasselas!»

C’est pourtant en tant que jeune fille au pair que Valentina arrive en Suisse. «En fait, je voulais m’inscrire à l’Ecole de viticulture à Bordeaux, mais, pour ça, je devais d’abord perfectionner mon français.» A Soubey (JU), dans la verdure idyllique des bords du Doubs, elle découvre une ferme biodynamique. Le jour, elle s’occupe des deux enfants et, le soir, elle suit des cours de français. Mais, lors d’une excursion en Valais, elle fait la connaissance de Marion et Jacky Granges, vignerons à Fully. Est-ce la passion partagée du vin? En tout cas, le courant passe. Et ils l’engagent comme apprentie. Ravie, Valentina découvre les murs de pierres sèches au-dessus de Saint-Léonard, les vignobles escarpés aux cépages indigènes et elle tombe amoureuse de ce coin de pays.

Culture en biodynamie

Valentina n’en garde pas moins les pieds ancrés dans le vignoble. CFC en poche, elle enchaîne: Ecole d’agriculture d’abord, puis Haute Ecole de viticulture et d’œnologie de Changins, et la voilà maître de chais chez Marie-Thérèse Chappaz. C’est au contact de cette emblématique vigneronne qu’elle affine son art avant de se lancer en solo, de louer ses premières vignes, puis la cave de Fernand Luisier, footballeur et vigneron de Saillon.

C’est là que Valentina élabore désormais des crus en biodynamie. «Ils passent tous en barriques, mais pas neuves, pour ne pas trop marquer les vins.» Des vins fins, frais, fruités, tout en équilibre et en élégance. Elle plante des cépages inattendus, comme le completer des Grisons ou la roussane. Et elle n’hésite pas à racheter des parcelles d’altitude – à 750 ou 800 mètres – pour se prémunir contre les effets du réchauffement climatique. Enfin, ses yeux s’allument quand elle évoque les coteaux du domaine de Tourbillon, au pied du château du même nom qui domine Sion, tant elle se réjouit d’en révéler le terroir: «A cet endroit, la végétation rappelle le sud de la France. Il y a même des cactus!»

>> Lire aussi: Quel vin suisse dans dix ans?

Aux yeux de Valentina, «plus que le cépage, c’est le terroir qui détermine le caractère d’un vin». Ainsi elle produit quatre arvines de parcelles parfois voisines: «A quelques mètres de distance, elles révèlent des différences passionnantes.» Un sens du détail qui fait de chacun de ses vins un joyau.

Comme son nom l’indique, cette petite arvine est issue de raisins cultivés sur un sol granitique. C’est un vin particulièrement intéressant à déguster en parallèle avec une autre petite arvine du domaine, nommée Calcaire: «Cela permet de mieux comprendre l’influence du sol sur le vin.» 75 cl, 35 fr.