La description préliminaire, au sein de la rédaction, de cet exposé avait été excessivement anxiogène: la plupart des journalistes (les vieux mâles surtout, bien sûr) et peut-être même un photographe ou une rédactrice photo allaient se prendre une sacrée bordée, finir au pilori et devoir se livrer, en sanglotant, à une longue séance d’autocritique façon Corée du Nord, avec une pancarte «Oui, je ne suis qu’un sale boomer» autour du cou.
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Autant dire qu’au moment de pénétrer dans notre grande salle de briefing, mardi matin de la semaine passée, certains d’entre nous craignaient d’être accueillis par de jeunes gardiennes et gardes roses agitant en rythme et frénétiquement leur petit livre arc-en-ciel. Des militantes et militants qui allaient punir ces plumitifs et iconographes coupables durant tant d’années d’écriture non inclusive, de clichés homophobes et de préjugés sexistes.
La réalité fut bien sûr tout autre. Noémie Schorer, responsable de projet à DécadréE, et Delphine Roux, coordinatrice de la Fédération genevoise des associations LGBT, ont présenté à la rédaction de «L’illustré» l’état des lieux des discriminations qui sévissent hélas encore massivement et dressé une liste de recommandations aux médias quand ces derniers abordent, avec une trop fréquente désinvolture, les thématiques LGBTIQ+, aussi variées que sensibles. Deux heures d’exposé, deux heures d’échanges utiles et sereins au service d’un monde en trop lente mutation. Un monde qui peut informer et doit être informé de manière plus pertinente, mieux documentée et plus inclusive.
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