Selon les plans de Vladimir Poutine, en trois jours «l’opération spéciale» aurait dû être réglée. Or rien ne s’est passé comme prévu. A la proposition américaine d’être exfiltré, Volodymyr Zelensky objecte: «J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi.» Le ton est donné. Et derrière lui, tout un peuple déterminé à défendre chaque centimètre carré de son territoire et de son identité.
Un an après l’invasion russe, l’illusion d’une résolution rapide du conflit s’est envolée. Douze mois que les massacres perpétrés par l’armée russe nous paralysent d’effroi, que les civils et les infrastructures critiques subissent un déluge de feu visant à les anéantir physiquement et moralement. Des images que l’on croyait appartenir à un siècle révolu ressurgissent: l’exode de millions d’Ukrainiens, des combats acharnés et des soldats qui creusent des tranchées. Comme en 14-18.
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Les Occidentaux ont tardé à le comprendre, pourtant les signaux des ambitions impérialistes du Kremlin étaient là. En 2008 déjà, avec le conflit armé mené en Géorgie, puis en Syrie, et l’annexion de la Crimée en 2014, suivie de la guerre dans le Donbass. On s’est contenté de regarder, les bras ballants. Résultat? Le 24 février 2022, l’Europe a basculé, elle aussi, dans la guerre. La récente montée en puissance de l’aide militaire délivrée à Kiev, avec l’appui des Américains, atteste de cette prise de conscience qui survient tardivement.
Au nom de sa neutralité, la Suisse refuse d’autoriser d’autres pays à livrer des munitions fabriquées sur son sol. Une position de moins en moins comprise par ses voisins qui y voient opportunisme et lâcheté plus qu’un exercice d’humanisme. Face à l’avenir d’un continent qui se joue devant ses yeux, les lignes de la neutralité doivent bouger.