Exhumer en 2019 des traces de l’histoire suisse, c’est le rêve de nombreux Indiana Jones locaux. Mission accomplie pour l’archéologue subaquatique Fabien Langenegger: ce dendrochronologue – spécialiste de la datation des pièces de bois – a mis la main sur trois épaves cachées dans le lac de Neuchâtel. «Avec l’érosion du lac, on trouve depuis 2014 des choses intéressantes. Des pirogues, mais aussi les restes d’une forêt immergée de 7000 ans», raconte le chercheur, qui surveille par voie aérienne les «anomalies» des eaux pour dénicher ces trésors lacustres.
En avril dernier, avec le soutien de la Fondation Octopus, il a étudié un chaland datant de 1776. La semaine passée, ils ont analysé les restes d’une balise bâtie sur une barque de 1537. Les deux épaves ont depuis été recouvertes pour leur conservation. «Sous l’eau, le bois est à l’abri de l’oxygène et des bactéries. On ne peut pas extraire les épaves, sinon elles s’effritent et disparaissent», explique Julien Pfyffer, fondateur de l’association experte dans le monde marin. En 2020, ils vont finalement observer la troisième découverte, la plus ancienne, qui date de 120 ans après J.-C.
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XVIIIe siècle chaland coulé
La première exploration, celle du chaland datant de 1776, a eu lieu au printemps. L’illustration permet d’imaginer à quoi ressemblait l’embarcation avant qu’elle ne sombre par accident au milieu du lac en direction de Morat (FR).
Chargée par des blocs finement taillés de pierre d’Hauterive (NE), elle a probablement coulé à cause d’une cargaison trop importante. Les archéologues l’ont découverte à 3 mètres de profondeur. La deuxième image est une photogrammétrie, soit une composition de 700 clichés qui permet l’étude détaillée de la barque une fois à terre. Avec cet outil technologique, les scientifiques peuvent zoomer sur le cliché jusqu’au plus petit grain de sable.