Bonjour,
Que ce soit par plaisir ou pour raisons financières, de plus en plus de personnes actives souhaitent continuer à travailler après 64 ou 65 ans. Voici comment cela se passe.
Martin Müller (Beobachter)
Que vous en ayez envie ou le besoin, travailler après l'âge de la retraite est une option.
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Environ un tiers des hommes et presque un quart des femmes continuent à travailler au-delà de l’âge ordinaire de la retraite, souvent avec un taux d’activité réduit. C’est ce que montrait en 2021 une étude de l’assurance-vie Swiss Life.
«Une importante et croissante minorité de la population travaille plus longtemps. Elle le fait largement par choix personnel et par plaisir de travailler», indique Andreas Christen, expert en prévoyance et auteur de l’étude. Selon lui, le départ à la retraite flexible, fréquemment prôné par les politiques, a déjà lieu dans la réalité. «Si l’on tenait compte des préférences des personnes actives, la retraite progressive serait encore plus fréquente.»
«Si cela ne fonctionne pas toujours ni pour tout le monde, c’est aussi à cause des règles qui sont compliquées et confuses», constate Jeannine Burri, experte en assurances sociales au centre de conseil du Beobachter. Lorsque l’on veut arrêter de travailler plus tôt ou plus tard, il faut prendre en compte une multitude de dispositions relatives à l’AVS, à la caisse de pension, à l’assurance-accidents et au troisième pilier. Cela ne convient pas à tout le monde, génère de l’insécurité ainsi qu’un besoin de conseil.
C’est le cas de Stéphane Bossuat*. Fin 2021, il prend une retraite anticipée, quelques mois avant son 64e anniversaire. Lorsque, quelque temps plus tard, une opportunité se présente pour une nouvelle activité à environ 40 ou 50%, l’ingénieur en électronique s’adresse au centre de conseil du Beobachter: «Si je donne suite, est-ce que je devrai de nouveau cotiser à la caisse de pension? Auprès de celle du nouvelle employeur?».
L’experte du Beobachter explique: «Cela paraît étrange à beaucoup de monde mais – même lorsque l’on perçoit déjà une rente de la caisse de pension de l’ancien employeur – on doit cotiser en tant que pré-retraité à la caisse de pension du nouvel employeur, pour autant que l’on gagne plus de 21'510 francs par année». Lorsque Stéphane Bossuat arrêtera définitivement de travailler, il recevra de la nouvelle caisse de pension une mini-rente supplémentaire ou se fera verser le montant en capital.
Stéphane Bossuat a travaillé durant 15 ans au service de son ancien employeur, sans toutefois être d’accord avec toutes les restructurations. «Je voulais aussi réduire mon taux d’activité et travailler de façon plus flexible.» Lorsque la caisse de pension baisse le taux de conversion, sa décision est prise. Une retraite anticipée lui permet d’éviter cela.
Rebecca Dubois prend sa retraite quatre mois avant la date ordinaire. Elle aimerait toutefois continuer à travailler auprès du même employeur en tant qu’enseignante privée. Elle a, elle aussi, pris une retraite anticipée en raison d’une baisse imminente du taux de conversion: «financièrement, ça n’aurait pas valu la peine.»
Toutefois, si elle continuait à travailler chez le même employeur sans interruption, même avec un taux d’activité nettement inférieur, la caisse de pension considérerait cela simplement comme une «retraite partielle». Cette subtilité de langage a des conséquences financières. En effet, Rebecca Dubois doit continuer à cotiser à la caisse de pension après 64 ans, aussi longtemps qu’elle travaille encore – c’est ce que prévoit le règlement. Si elle est (pré)retraitée, elle a l’obligation de cotiser uniquement si son revenu est supérieur au seuil d’entrée de 21'510 francs. Pour être considérée comme retraitée, elle doit faire une pause d’au moins trois mois. Formellement, il ne devrait pas être prévisible au moment du départ en retraite anticipée qu’elle va reprendre son travail par la suite – ce que la caisse de pension ne peut guère contrôler.
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«Je me réjouis de pouvoir de nouveau faire des remplacements comme enseignante», raconte Rebecca Dubois. Elle ne veut toutefois pas s’engager quant au nombre d’heures qu’elle travaillera encore. «Je verrai bien, peut-être que les rentes de l’AVS et de la caisse de pension me suffiront.» Elle a toutefois un souhait à adresser aux politiques: «ce serait pratique si les règlementations de l’AVS et de la caisse de pension étaient identiques ou au moins plus faciles à comprendre.»
Un souhait qui ne se réalisera pas de sitôt. Pour la caisse de pension, la situation juridique est d’emblée compliquée. S’ajoute à cela que chaque caisse peut prévoir ses propres dispositions dans son règlement. Pour l’AVS, la question est souvent de savoir si l’on doit encore payer des cotisations après la cessation de l’activité lucrative et, si oui, combien.
Dans le cas de Rebecca Dubois, bien qu’elle ait cessé de travailler quatre mois avant son 64e anniversaire, elle avait déjà cotisé suffisamment pour la dernière année, les retenues sur salaire des huit mois précédents suffisent. Dans le cas où, après 64 ans, elle gagne plus de 1400 francs par mois avec les remplacements, elle devra cependant continuer à payer des cotisations AVS. Ce qui est contrariant dans ce cas, c’est qu’elle ne recevra pas un seul franc de rente en plus pour cela, car elle la perçoit déjà. «Si c’est ainsi que ça se passe, tant pis», dit-elle calmement. «Je considère cela comme une contribution de solidarité, étant donné que je suis encore en bonne santé et en mesure de travailler.»
Stéphane Bossuat, l’ingénieur en électronique, a pris une retraite anticipée avant son 64e anniversaire. Il lui manque ainsi plus d’une année entière de cotisation jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite. S’il ne veut pas subir une douloureuse perte qui durera jusqu’à la fin de sa vie, il doit payer la cotisation des personnes sans activité lucrative, calculée sur la base de son revenu sous forme de rente (de la caisse de pension) et de sa fortune – minimum 503 et maximum 25'150 francs par année.
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Dans son cas toutefois, la facture se monte à 0 francs: en effet, Stéphane Bossuat est marié et sa femme, de quatre ans sa cadette, travaille encore. Pour autant qu’elle paie des cotisations AVS et que celles-ci se montent au moins au double de la cotisation minimale, soit 1006 francs, l’obligation de cotisation du conjoint est considérée comme remplie. Pour lui s’applique également la règle selon laquelle, s’il gagne plus de 1400 par mois (et par employeur) une fois l’âge de la retraite atteint, il doit continuer à cotiser à l’AVS, même si cela ne lui sert plus concrètement.
«Le fait que tout soit si compliqué est déjà un peu dissuasif», explique Stéphane Bossuat. «Pourtant toute le monde parle de pénurie de main-d’œuvre qualifiée et se dit soi-disant en faveur de solutions de retraite flexible.» Tout n’est pourtant pas complètement négatif: à l’occasion des négociations en vue d’une éventuelle nouvelle embauche, il réalise que les enjeux se sont équilibrés. Désormais il n’a plus impérativement besoin d’un emploi, les rentes suffisent pour l’essentiel.
*Les noms ont été changés
Si vous prenez une retraite anticipée et continuez à travailler à temps partiel:
Si vous continuez à travailler après la retraite ordinaire:
*Traduit de l'allemand (Beobachter)