Elle avait 19 ans lorsqu’elle a eu le coup de cœur pour ce métier. Dix-sept ans plus tard, Tessa Wymann s’épanouit dans son atelier à Vevey, Les Relieuses. La jeune femme l’a repris en 2011, lors du départ à la retraite de l’ancien propriétaire. «C’est difficile de trouver un job en tant qu’employé dans ce métier, souligne la relieuse aujourd’hui indépendante. Quand j’ai appris que ce monsieur remettait son atelier, j’ai sauté sur l’occasion.» Avec ses origines anglaises et son enfance montreusienne, Tessa Wymann reste attachée à ses racines de la classe ouvrière. «J’ai grandi dans un environnement où les gens étaient tous proches les uns des autres.» Elle recrée cette ambiance entre les murs de son atelier à taille humaine. «Certaines personnes ne viennent pas seulement pour apporter un livre à réparer, elles ont besoin de raconter son histoire.»
L’histoire, l’atelier en est chargé. Les machines ont déjà vu passer leur lot de livres à coudre. «Ces appareils étaient utilisés dans des structures industrielles du début du XXe siècle. Comme les industries doivent sans cesse renouveler leurs machines pour être plus rentables, les artisans en profitent.» Au-delà de la mécanique, l’héritage vit également dans la pratique. «Je forme des apprentis pour transmettre le métier. Sinon, ce sont des savoir-faire qui se perdent. Je trouve important que ce métier continue à exister, car les artisans implantés dans les villes les rendent vivantes.»
Tessa Wymann n’est pas inquiète pour l’avenir. «Il y a cinquante ou soixante ans, les relieurs avaient énormément de travail dans l’archivage. Ces choses-là ont cessé d’exister à cause de la numérisation, mais on fait d’autres types de travaux.» Si elle fait encore beaucoup d’archivage, l’artisane évoque aussi des commandes plus personnelles, comme des portfolios d’étudiants en art ou des projets de livres avec de petits tirages.
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