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Tatiana Lavanchy Cherpillod: «Un cochon d’Inde n’est pas un jouet»

Depuis plus de vingt ans, Tatiana Lavanchy Cherpillod recueille des dizaines de ces petits rongeurs et les fait adopter depuis sa maison de Froideville (VD). Avec son association, elle lutte contre la méconnaissance qui les entoure.

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Tatiana Lavanchy Cherpillod, membre du Club romand des amis des cochons d’Inde (CRACI), tient un refuge pour ces animaux originaires d’Amérique du Sud.

A Froideville (VD), Tatiana Lavanchy Cherpillod, membre du Club romand des amis des cochons d’Inde (CRACI), tient un refuge pour ces animaux originaires d’Amérique du Sud dont on croit à tort qu’ils sont d’excellents cadeaux pour les enfants.

Manuel Forney / CôtéNature

«Mon histoire avec les cochons d'Inde a débuté quand mes quatre enfants étaient petits, il y a une trentaine d’années. Les deux aînés ont un jour demandé qu’on achète des Tamagotchi, ces animaux de compagnie virtuels. Mon mari a alors proposé qu’on prenne plutôt de vraies bêtes. Cela m’a plu. J’aime les ânes, les vaches et j’ai toujours voulu travailler avec des animaux, j’ai même été palefrenière. Cette passion date du feuilleton «Belle et Sébastien», quand j’ai vu un cheval courir sur la plage.

Les cochons d’Inde, pour une question de place, j’ai trouvé que c’était une bonne idée. Nous en avons donc acheté quatre d’un coup, un mélange de mâles et de femelles, en faisant confiance au vendeur. Nous avons pris une cage de 150 centimètres, parmi les plus grandes, et placé les bêtes ensemble. La première nuit il y a eu une bagarre entre les mâles puis, sur un court laps de temps, deux morts. Je ne comprenais pas. Est-ce que je leur donnais mal à manger? Etaient-ils placés dans un mauvais endroit? Les vétérinaires que j’ai approchés ne pouvaient pas nous répondre.

Peu après, je suis tombée sur une annonce qui proposait de donner des conseils aux propriétaires de cochons d’Inde. Je me suis inscrite, j’ai participé à la première assemblée de cette nouvelle association, le CRACI, avec une directrice qui est toujours là. Assez vite, nous avons reçu beaucoup de téléphones de gens qui ne voulaient plus garder leur cochon d’Inde. Nous avons compris l’incroyable niveau de méconnaissance qui régnait autour de cet animal.

L’aspect qui le poursuit, c’est de croire que c’est le premier animal qu’on peut offrir à un enfant... Or penser qu’il va interagir avec lui est une erreur. Le cochon d’Inde est un animal de fuite. Il ne faut pas s’étonner s’il ne s’approche pas de vous. Très souvent, les enfants se rendent vite compte qu’il n’est pas du tout intéressant et ils n’en veulent plus. Il y a aussi le fait qu’il peut sentir mauvais ou qu’il fait du bruit. Il est en outre grégaire, il panique s’il est seul. Ce sont autant de raisons d’abandon.

Chez nous, par exemple, mes enfants n’ont jamais joué avec eux. On voyait bien qu’ils avaient peur de nous et que, même pour un adulte, ils étaient difficiles à attraper. Peu après, une personne de l’association qui déménageait m’a demandé d’héberger quelques cages. J’ai accepté et j’ai mordu à l’hameçon. J’ai commencé à placer les animaux qu’elle m’avait confiés et à en prendre d’autres. Je n’ai jamais arrêté et c’est moi qui en compte le plus aujourd’hui. J’ai 15 bacs et je peux accueillir jusqu’à 40 animaux. 

Ils sont toujours par deux et je dois tenir compte de la présence de mâles castrés ou non, ainsi que de l’impossibilité de mélanger certaines espèces, qui s’attaquent entre elles. Quand quelqu’un veut adopter un animal, je repère sa motivation. Je demande si quelqu’un souffre d’une quelconque allergie, genre rhume des foins. Puis je préviens qu’un petit enfant ne pourra pas jouer avec le cochon d’Inde. Je compare avec un aquarium, voire une volière. Par contre, une telle adoption vaut la peine si vous avez de la patience et le respect de l’animal. L’association a fêté ses 20 ans l’an dernier. Pour la majorité des questions qu’on nous pose, nous avons appris par l’observation. Avec l’avis de vétérinaires, notre présidente a ainsi écrit un fascicule, qu’on trouve sur internet. Moi, j’explique aux candidats qu’un cochon d’Inde n’est ni un médicament, ni un bébé, ni un compagnon. Ce n’est pas non plus un compost, à qui on peut donner ses déchets. Mal nourri, il meurt. Je fais ce que j’aime. J’ai parfois un coup de mou quand une personne fâchée se lâche sur moi. Et puis, derrière, quelqu’un encense l’association grâce aux informations reçues.»

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publié le 16 juillet 2024 - 12:00