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Témoignage

Suicide sur les voies CFF: «On croyait qu'elle allait mieux»

On les appelle pudiquement des accidents de personne. Chaque année, 115 désespérés se jettent sous le train en Suisse. Comment surmonter un tel choc? Témoignage de Trifone Bruno, 61 ans, dont la sœur était dépressive. Elle s’est donnée la mort sur une ligne régionale il y a quatre ans.

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Trifone Bruno se souvient de ce jour tragique de 2014 où sa sœur s'est jetée sous le train. Stephanie Borcard & Nicolas Metraux
Baumann Patrick

Sa sœur cadette, âgée de 33 ans et mère de deux enfants de 10 et 14 ans, s’est jetée sous les rails du train régional Lausanne-Echallens-Bercher (LEB) le 5 décembre 2014. Un drame qui a profondément meurtri toute cette famille particulièrement soudée. «Sara souffrait de dépression depuis plusieurs années, mais on avait le sentiment qu’elle allait mieux. La semaine qui a précédé sa mort, elle donnait en tout cas l’impression d’être heureuse, mais avec cette maladie, c’est difficile, tout peut basculer d’un moment à l’autre», se rappelle Trifone Bruno.

Brutalité

Chaque suicide est un drame, mais un suicide par rail ajoute encore en termes de brutalité au chagrin de la famille. «Sara est morte sur le coup. Heureusement, son corps n’a pas été trop abîmé, nous avons pu la voir et la veiller. Bien sûr, au début, inévitablement, on culpabilise, on se dit qu’on n’en a peut-être pas fait assez pour l’aider, être à l’écoute…»

Elle revenait ce jour-là d’une consultation à l’hôpital psychiatrique de Cery, à Prilly (VD). «Elle avait déjà fait deux tentatives de suicide par le passé, mais on espérait qu’elle allait s’en sortir. C’était une jeune femme épanouie mais fragile et vulnérable, toujours à la recherche du grand amour et vivant mal les situations de rupture. Elle était gaie, belle, on était tous très fiers d’elle; plus jeune, elle avait gagné un concours de beauté en Italie.»

Ce jour-là, la jeune femme a longé les voies du chemin de fer. «Le pilote de la locomotive n’a pas eu le temps de freiner, elle était dans une zone peu visible. Je ne pouvais pas m’imaginer, juste après sa mort, la souffrance qu’elle a endurée au moment de mourir.» Ce père de trois garçons n’a jamais le courage de se rendre sur les lieux du drame. «Je veux juste me raccrocher à l’idée qu’elle est désormais libérée de ses tourments.»

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QUE FAIRE EN CAS DE CRISE

Les pensées suicidaires surviennent au pic de la crise et diminuent une fois ce cap passé. Elles ne révèlent pas une véritable volonté de mourir, mais un désir de mettre fin à des souffrances insupportables.

Or ces souffrances peuvent être soulagées par d’autres moyens.
Le suicide n’est donc ni une fatalité ni une solution et chercher de l’aide est une démarche courageuse et positive. Si vous vous inquiétez
pour une personne de votre entourage, voici comment vous pouvez agir.

Aborder franchement le sujet avec elle: demander à quelqu’un s’il pense au suicide ou à se faire du mal n’est pas incitatif. Au contraire, cela sera un soulagement, car il est souvent difficile d’oser en parler soi-même.

Etre à l’écoute: laisser la personne exprimer ses sentiments, sans porter de jugement («c’est lâche de vouloir se suicider»), sans proposer de solutions toutes faites et sans minimiser. Montrer votre soutien et votre empathie («ça doit être difficile de vivre ça, j’ai envie de t’aider à t’en sortir»).

Faire appel à des aides professionnelles: on peut se sentir désemparé face à la détresse d’un proche. Vous pouvez demander des conseils auprès de professionnels et encourager la personne en difficulté à en parler avec un spécialiste.

Numéros à contacter 24h/24 et 7j/7

  • 143: écoute et conseils pour les adultes (La Main tendue)
    147: écoute et conseils pour les jeunes (Pro Juventute)
    144: services médicaux

>> Retrouvez les autres services d’aide en Suisse romande sur: stopsuicide.ch/besoindaide


Par Baumann Patrick publié le 31 octobre 2019 - 09:14, modifié 18 janvier 2021 - 21:06