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Stéphanie et Franck Giovannini: «Lui, il est le chef ici et moi à la maison»

Des couples romands qui ont choisi un jour de ne plus se quitter pendant la journée racontent avec le sourire le joli lot de confiance et de souplesse nécessaire pour que l’amour triomphe du quotidien. Témoignage de Stéphanie et Franck Giovannini qui dirigent le Restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier (VD).

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Stéphanie et Franck Giovannini

A propos de la Saint-Valentin, «il est plus romantique que moi», avoue Stéphanie Giovannini en parlant de Franck, son mari et grand chef à l’Hôtel de Ville de Crissier (VD). Entre eux, en couple depuis vingt-sept ans, un solide sens terrien prévaut.

Julie de Tribolet

«On n’a jamais vraiment fêté la Saint-Valentin ensemble, parce que j’ai toujours travaillé», avoue Franck Giovannini, 48 ans. Quatrième chef de cuisine du prestigieux Restaurant de l’Hôtel de Ville, à Crissier, il est le successeur de Frédy Girardet et des défunts Philippe Rochat et Benoît Violier. «Cuisinier de l’année» 2018, 3 étoiles au Michelin, 19/20 au GaultMillau, Franck Giovannini cultive l’excellence sans compter ses heures et une simplicité à laquelle il ne déroge pas.

«Cette année, exceptionnellement, en raison des vacances scolaires vaudoises qui ont été déplacées, le restaurant sera fermé pour la Saint-Valentin», explique le couple Giovannini, qui en profitera pour «aller skier avec des amis». Cela n’empêchera pas le cuisinier né à Tramelan (BE) de penser à Stéphanie, sa tendre moitié. «Sur ce plan-là, il est plus romantique que moi», concède-t-elle.

Chez les Giovannini, nulle arrogance, mais de la franchise et un vrai bon sens terrien. Stéphanie a un fort caractère, Franck est plus en rondeur. Chez eux, pas de chichi. Ils savent incarner un restaurant mythique, sans jouer les parvenus. «On est des gens simples. On ne se prend pas la tête. J’ai horreur d’être présenté comme une star», confie le chef étoilé, sans fausse modestie.

Avec eux, l’atmosphère du lieu a changé. Moins cérémoniale, plus décontractée, conviviale. Leur signature. La cravate obligatoire a disparu sans affecter la cuisine, sublime.

Cela fera bientôt vingt-sept ans que Franck et Stéphanie sont en couple. Leur histoire d’amour a commencé lors d’un bal à Chavannes-le-Chêne. Ils se sont mariés le 3 août 2002 et ont eu deux enfants, Matt et Emma, jeunes adultes aujourd’hui.

Garder les pieds sur terre

Stéphanie a grandi à Yverdon, puis à Yvonand où le couple réside encore. Enfin, les dimanches et les lundis, pour lui. En semaine, le chef dort à Crissier, au-dessus du restaurant. «Il a fallu s’organiser, parce qu’au départ ce n’était pas prévu que je reprenne cette maison. On s’est adaptés. Je me rends compte que ça fait un bien fou de séparer le côté privé du côté professionnel et notre vie de couple à la maison nous aide aussi à garder les pieds sur terre.» Stéphanie confirme: «A Yvonand, on a nos amis, on est Franck et Stéphanie, pas M. et Mme Giovannini, les patrons de l’Hôtel de Ville.»

En semaine, le restaurant dicte sa loi. Le chef se doit d’être présent, disponible, tout en trouvant le temps d’élaborer des mets. Immense défi. «J’ai la chance de vivre assez bien le côté pression, affirme le cuisinier. Quand je monte me coucher, en semaine, j’arrive à penser à autre chose qu’au travail et c’est encore plus vrai le dimanche!» Son épouse veille tout de même «à sa santé». Normal.

«Pendant seize ans, j’ai été maman au foyer, explique-t-elle. Je ferai toujours passer ma famille et mon couple en premier.» Depuis bientôt cinq ans, Stéphanie Giovannini travaille au restaurant. «J’ai choisi de faire le service de midi uniquement, du mardi au vendredi. J’essaie de faire de mon mieux.»

Formule magique

A Yvonand, elle consacre volontiers ses soirées «à faire du bénévolat» au sein de diverses sociétés locales. «J’ai besoin de ça, de vivre autre chose et de rendre service et ça explique que je ne souhaite pas travailler le soir au restaurant.» Franck Giovannini est reconnaissant à sa femme d’avoir compris, dès le départ, ce qu’exigeait la grande cuisine et d’avoir assumé le rôle de maman au foyer «sans jamais un reproche». Leur admiration est réciproque.

Stéphanie a permis à son mari de rester lui-même en assumant tout l’aspect familial, mauvais rôle inclus. «C’était plus simple à vivre pour moi, parce que j’étais peu présent. Du coup, le week-end, j’étais le papa copain et le commandement était là», dit-il en désignant du doigt son épouse, qui rit. Stéphanie le reconnaît: «On a partagé les rôles. Lui, il est le chef ici et moi à la maison! C’est mon côté Suisse allemande et gouvernante.» On lui demande quelles qualités sont indispensables à l’épouse d’un chef étoilé. La réponse fuse: «Moi, je ne suis pas tombée amoureuse d’un chef étoilé, mais de Franck, mon mari et le père de mes enfants.» Formule magique.

>> «L'illustré» est parti à la rencontre de cinq couples romands qui s'aiment et travaillent ensemble. Ils sont boulangers, croque-morts ou même officiers à l’Armée du Salut. Retrouvez d'autres témoignages:

Par Blaise Calame publié le 17 février 2023 - 08:54