«Je me souviens d’un «Illustré» de 1977 dans lequel il y avait des photos d’extraterrestres. C’était pour la sortie de l’épisode IV de «Star Wars, Un nouvel espoir». Du haut de mes 8 ans, je ne comprenais pas que c’était un film, je croyais qu’on avait vraiment photographié des extraterrestres. Trois ans plus tard, j’ai découvert «Star Wars» en allant voir «L’Empire contre-attaque» au cinéma. Je suis devenu ultra-fan, à tel point que j’ai rêvé durant plusieurs années de posséder la maquette du film. A l’occasion de l’anniversaire de mes 14 ans, mes parents ont décidé de me donner de quoi l’acheter. Il y avait les AT-AT, des vaisseaux rebelles, plein de soldats et même une plaque ondulée qui imitait la glace de la planète Hoth, je l’adorais.
Aujourd’hui, je n’ai malheureusement plus cette maquette. J’ai dû m’en séparer vers 17 ou 18 ans pour faire de la place et sans doute aussi parce que j’avais un peu honte. Quand on grandit, on a tendance à renier nos périodes, nos époques. On fait le ménage et on le fait trop. Mais chaque année d’adolescence passée est importante, ça veut dire qu’on grandit.
Cette passion ne m’a pas quitté pour autant. En 2008, je souhaitais adapter en spectacle mon roman «La vallée de la jeunesse» (Ed. La Joie de lire), paru une année plus tôt, et je me suis naturellement adressé à Christian Denisart, ami d’enfance, pour la mise en scène. La tradition du théâtre veut qu’on offre un cadeau le jour de la première et Christian est arrivé avec un énorme paquet. C’était une maquette «Star Wars» de la bataille de Hoth et c’était vraiment très beau. Elle était encore plus grande que celle de mon enfance. L’adulte que j’étais n’a pas ouvert la boîte le soir même et s’est dit qu’il l’offrirait un jour à son garçon ou à sa fille.
Je suis finalement devenu papa huit ans plus tard, d’un petit garçon, Bogdan. Ne pouvant pas lui offrir ce cadeau tout de suite, j’ai décidé d’attendre et de cultiver avec lui cette passion pour «Star Wars», histoire que ça ne tombe pas du ciel. Ça a très bien fonctionné, il est devenu fan! Je me suis dit qu’un jour je devrais essayer avec la mythologie grecque pour voir. Bogdan adore «Star Wars». Le matin, quand je l’emmène à l’école, on écoute même la musique de «La marche impériale» dans une version chantée par les Minions, l’autre est trop martiale.
Cette année, mon fils a eu 6 ans et j’ai pris la décision de lui offrir cette immense boîte qui était restée là, soigneusement emballée depuis quatorze ans. Averti que j’allais lui offrir quelque chose de spécial durant les fêtes de Pâques, il m’a demandé si le cadeau avait un rapport avec «Star Wars», mais le secret a tenu jusqu’au jour J! Quand Bogdan a appris que ce cadeau l’attendait depuis quatorze ans, il n’y croyait pas, c’était énorme. A vrai dire, j’ai été moi-même surpris par ma patience. Mais faire un enfant, c’est mettre le temps de son côté.»
Son actualité
«Lettre à mon dictateur», aux Editions Slatkine. A 50 ans, Eugène a décidé d’écrire une lettre à cet odieux personnage qu’était Nicolae Ceausescu, tyran de la Roumanie pendant vingt-deux ans.