«Mercredi dernier, je me suis de nouveau entraînée avec le FC Helvetia, l’équipe de foot des parlementaires féminines à Berne. Jusqu’à maintenant, je suis la seule Romande. Cette fois, loin du Palais fédéral, elles ont fini par basculer au suisse-allemand. C’est plus naturel et cela évite de casser le rythme. Droit au but, direct et authentique: j’ai beaucoup de plaisir dans ce petit groupe.
J’y suis d’abord allée pour des raisons politiques, le symbole d’une équipe de femmes. Et pour tisser des liens. L’idée de partis différents qui s’unissent pour marquer dans le même goal me plaisait aussi. Puis l’aventure sportive m’a happée. Il y a des caractères forts, de la compétitivité. On veut bien faire, c’est engagé. L’ego et la volonté qu’on développe à ce niveau en politique se voient aussi sur le terrain. J’aime l’action et me dépasser. Là, je me bagarre pour «rechoper» les ballons. Ça frotte un peu: crampons sur l’orteil, bodycheck. Je suis bien contente d’être grande.
On a reçu notre équipement, le training, la tenue de sortie. Sur la Bundesplatz, dès la fin des débats au parlement, on s’engouffre dans le bus en direction du terrain. Notre entraîneuse pro, Franziska, nous inculque les techniques de base car pas mal d’entre nous, comme moi, n’ont jamais joué au foot. C’est une découverte, j’adore. D’autant que j’ai épousé un footeux. Mon mari a joué avec le Liechtenstein; je suis allée le voir contre l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre. Avec ses échanges de maillots à la fin des matchs, nous avons même celui de Mendieta dans l’armoire. Ma fille et mon fils viennent de commencer au Concordia Lausanne, le club d’enfance de mon mari. Résultat: ce mercredi, nous faisions tous les trois du foot… sauf lui!
Ma vie ne va pas sans sport, il me recentre, me sert d’exutoire, me donne une sensation de détente. Après deux jours, je ressens le besoin de mouvement; une semaine sans sport, c’est pénible pour moi, comme pour les autres autour de moi. Il n’y a rien de plus anti-physiologique que la session au parlement. Nous sommes éternellement assis, dans le bruit, les énervements, le cérébral. J’ai besoin de bouger. Tôt le matin ou le soir, j’arrive parfois à aller courir le long de l’Aar. Cet hiver, j’ai découvert le skating, mon sport préféré. Ce sentiment d’ouverture et de fluidité dans des paysages magnifiques, quel bonheur.
La compétition, je connais. De 15 à 20 ans, j’ai pratiqué le volley à Cheseaux, proche de la ligue A. Même si j’ai aimé les matchs où tout se goupille et où le sentiment d’équipe est fort, je me souviens d’une période dure, plutôt malheureuse, avec de l’exclusion dans l’équipe. Si une blessure ne m’avait pas obligée à arrêter, j’y serais peut-être encore. J’ai de la peine à admettre qu’il faut parfois savoir passer à autre chose.
J’aime ce que le sport apprend. Laisser sa place à l’autre tout en prenant la sienne, persévérer, tout donner. Je suis favorable à rendre le sport accessible au plus grand nombre et à promouvoir les équipes féminines. Regarder le sport à la télé, ce n’est pas mon truc, mais il y a des exceptions. J’ai pleuré l’autre soir devant la ferveur des footballeurs italiens, en les voyant chanter leur hymne. Je me réjouis de Suisse-Italie; avec un petit groupe de collègues parlementaires, nous irons sûrement sur une terrasse à Berne pour soutenir la Nati.»
Le dernier sport pratiqué par Sophie Michaud Gigon
«Je viens de me mettre à l’aviron, à Lausanne. «Tu as de la coordination, on voit que tu étais une sportive, on va vite!» m’a dit le coach qui m’initie. Le volley m’a habituée aux abdos et entraînements intensifs, mais franchement, la technique des rames, c’est un monde en soi.»