Sophie Loretan plaît comme d’autres déplaisent. Involontairement. Spontanée, toute sa physionomie irradie le charme, l’esprit, la fantaisie. Cette sérénité joyeuse, elle la puise dans ses ancêtres. La chanteuse descend d’une longue lignée de femmes gaies, fortes et courageuses.
Du côté maternel, Anne-Marie, 83 ans, surnommée Mamita car à 41 ans – l’âge où elle est devenue grand-mère – il était impossible de l’appeler «mamie», lui a transmis le goût du risque et de l’indépendance. «Elle a été l’une des premières femmes divorcées du Valais. Dans ce canton catholique, les gens changeaient de trottoir.» Indifférente au regard d’autrui, Mamita a tracé sa route. Femme d’affaires avisée (elle achète et rénove encore des chalets), artiste peintre, pilote d’avion, golfeuse, motarde, globe-trotteuse, cette ancienne directrice d’école a suivi sa petite-fille en tournée jusqu’au Japon. «Tout ce qu’elle a pu faire pour moi, elle l’a fait. M’aguerrir, développer mes aptitudes artistiques en m’offrant une année d’études dans une école de musique à Paris… Elle n’a jamais douté un seul instant de mon talent.»
Du côté paternel, Sophie puise d’autres valeurs. Sa grand-mère Michèle, 93 ans, est son refuge. A l’ombre de ses ailes, elle s’est toujours sentie en sécurité. «Elle incarne la droiture, l’honnêteté, toujours disponible quand il s’agit d’écouter. Ce don déclenche des avalanches de confidences. On dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Ma grand-mère était cette femme-là. Mariée soixante ans à mon grand-père aujourd’hui décédé, elle l’a porté, soutenu, aimé, et élevé ses cinq enfants.» Mais Michèle est aussi une femme de caractère, sensible aux nourritures terrestres et aux traditions valaisannes. Chaque année, la fanfare de Loèche-les-Bains rend hommage à la famille Loretan dans la cour du chalet familial. «C’est une tradition séculaire, explique Sophie. Tous les hommes de la famille ont été magistrats au service du Vieux-Pays. Maintenant que les hommes ne sont plus, c’est grand-maman qui accueille fièrement cette fanfare de sa fenêtre du Kastlanhaus.»
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