Le diagnostic est tombé en novembre 2020. Implacable. Cancer invasif du sein gauche, qui a nécessité une mastectomie totale. Comprenez: une ablation complète du sein après six mois de chimiothérapie. Puis ont suivi un traitement par radiothérapie et l’inévitable hormonothérapie, avec son lot d’effets secondaires, censée éviter une rechute. A cet éprouvant combat, on ajoutera évidemment les souffrances morales que celui-ci génère et la chirurgie reconstructrice, opération complexe et qui n’a rien d’anodin.
Sophie venait de fêter ses 52 ans lorsque cette terrible épreuve l’a frappée de plein fouet. Après un divorce douloureux, elle se réjouissait de pouvoir profiter de la vie et d’élever ses deux enfants. Au lieu de ça, la voilà toujours sous traitement. Alors, quand elle entend de la bouche d’un médecin gynécologue que les patientes reçoivent des informations éclairées et détaillées sur les risques de développer un cancer du sein lié à la contraception, elle tombe des nues. Et se fâche. «C’est à hurler! Quelle femme serait aussi stupide de prendre le risque de contracter un cancer si elle était effectivement informée?» tonne-t-elle, avant d’enchaîner: «J’ai pris la pilule puis porté un stérilet Mirena durant de nombreuses années. Aucun médecin ne m’a mise en garde. J’avais confiance. Mais en apprenant que des études très sérieuses concluent que certains contraceptifs hormonaux, notamment parmi les plus prescrits, augmentent le risque de cancer du sein de 25 à 30%, je me suis sentie trahie.»
Sophie est bien sûr consciente que les causes d’un cancer sont multifactorielles. «Mais lorsqu’il nous touche personnellement, on se pose toutes sortes de questions, dont une qui tourne en boucle dans sa tête: pourquoi, alors que depuis quinze ans je n’utilise plus de déodorant contenant du sel d’aluminium et que je m’efforce d’éviter le plus possible les aliments contenant des additifs ainsi que les perturbateurs endocriniens? Toute cette attention et cette hygiène de vie pour apprendre sur le tard que les contraceptifs que j’ai utilisés ont peut-être joué un rôle déterminant dans ma maladie», se désole la Vaudoise, qui en appelle à la responsabilité du corps médical. «Le discours doit changer, devenir transparent. Tout le monde doit pouvoir agir et gérer sa vie en toute connaissance de cause», estime-t-elle, soulignant qu’il n’est pas rare que la pilule soit prescrite à de très jeunes filles non pas en guise de contraceptif mais pour combattre l’acné ou en cas de règles douloureuses...
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