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Simon Favre, le prince des citrouilles

Simon Favre a cultivé la plus imposante cucurbitacée du pays. Un exploit qu’il réalise pour la deuxième fois. Rencontre sur ses terres, à Belmont-sur-Lausanne.

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A Belmont-sur-Lausanne, Simon Favre pose avec une atlantic giant de 630 kilos.

A Belmont-sur-Lausanne, Simon Favre pose avec une atlantic giant de 630 kilos. La courge de 675 kilos avec laquelle il a remporté le championnat de Suisse est restée à Jona (SG), où elle sera encore exposée quelques semaines.

Valentin Flauraud

«Faire pousser des courges géantes est mon petit hobby, un truc un peu absurde qui me fait marrer. Je ne m’attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur.» Dans la cuisine de la ferme de la Coulette, à Belmont-sur-Lausanne, Simon Favre, un jeune agriculteur de 27 ans, s’amuse de toute l’agitation créée par… une courge. Il faut dire que les 675 kilos que sa cucurbitacée a affichés sur la balance, le 30 septembre dernier, lors du championnat suisse de pesage de courges et légumes à Jona (SG), ont permis au Vaudois de remporter le titre haut la main et de voir apparaître sa bobine dans un grand nombre de médias du pays. «Si ça peut faire un peu de publicité pour la ferme, tant mieux», se résigne-t-il, philosophe.

L’atlantic giant, reine des courges
 

Au sein de cette exploitation de 112 hectares, qu’il dirige avec l’un de ses frères et sa mère, il élève des vaches laitières, gère une compostière, cultive des céréales et fait pousser une multitude de variétés de courges comestibles et ornementales, qu’il propose à la vente directe. «La courge, c’est un revenu accessoire. On fait ça en famille, c’est encore une activité où on met les mains dans la terre. Avec le lait, les céréales ou le colza, on remplit des camions qu’on apporte dans un centre et on ne voit jamais le consommateur final. La vente directe nous permet de rencontrer les clients.»

Simon Favre

Environ 10 000 courges comestibles et ornementales sont produites chaque année à la ferme de la Coulette, à Belmont-sur-Lausanne, comme des potimarrons, des stripettis, des buttercups, des bleues de Hongrie ou encore des courges de Siam.

Valentin Flauraud

Mais comment en vient-on à faire pousser de gigantesques potirons? En 2020, la crise du covid contraint cet étudiant en sciences agronomiques à suivre son cursus à distance. «J’avais du temps à disposition et mon oncle m’a envoyé quelques graines de courges géantes, des atlantic giants, la variété de tous les records», explique-t-il. Il se prend au jeu, n’évite pas les erreurs de débutant. «J’en ai planté quinze, trop tard dans la saison et sans leur laisser suffisamment d’espace. Mais une belle courge est sortie du lot.» Son oncle lui enjoint de participer au championnat suisse. «Je pensais n’avoir aucune chance, surtout qu’en 2019 Beni Maier avait gagné avec un spécimen de 950 kilos.» A sa grande surprise, le Romand remporte la mise. «J’ai présenté une courge nulle, de seulement 400 kilos, mais la concurrence était faible», dit-il en se marrant

En 2021, Simon Favre apprend de ses erreurs, change de coin, mais une saison pluvieuse noie ses fruits et, en 2022, c’est un blaireau qui vient contrecarrer ses plans en dévorant ses potirons. En 2023, il ne plante que quatre courges, chacune disposant d’un espace de 10 mètres par 10 pour se développer. Il s’est assuré aussi de les protéger des souris en les déposant sur des planches en bois. Le facteur déterminant? La météo. Il faut un terrain bien exposé, l’espèce affectionnant l’ensoleillement mais pas les grandes chaleurs. «J’ai semé dans un pot le 20 avril, mis en terre le 1er mai. La plante a poussé en terre et, le 1er juillet, le fruit a commencé à se développer. Début août, la courge pouvait prendre jusqu’à 15 kilos par jour.»

Fleur femelle - Simon Favre vainqueur du concours de la plus grosse courge de suisse (675kg) de 2023 pose dans son exploitation à Belmont-sur-Lausanne.

Une fleur de courge femelle. Une fois pollinisée, celle-ci deviendra une courge de taille normale.

Valentin Flauraud

Banco: la plus imposante remporte le concours, deux de ses petites sœurs (630 et 550 kilos) sont exposées à la ferme et la quatrième a été transformée en… bobsleigh, comme il nous le montre sur une vidéo. De jolis bébés, donc, qui ne seront toutefois pas dégustés. «Les atlantic giants sont réputées pour leur taille, pas pour leur saveur. Je n’en ai jamais goûté, mais peut-être que cette année je ferai une exception. Habituellement, dès qu’on voit que les courges sont fatiguées, on les donne à manger à nos vaches.»

L’an prochain, il remettra en jeu son trophée et pourrait viser le championnat d’Europe. «Il faut se présenter avec un spécimen d’au moins 900 kilos pour ne pas être ridicule», tempère-t-il. Le record absolu est détenu par un Italien qui a cultivé un potiron de… 1226 kilos en 2021.

Par Alessia Barbezat publié le 20 octobre 2023 - 01:09