A Genève, Sherkan est bien davantage qu’un aigle. Depuis ce soir de 2002 où son fauconnier Jacques-Olivier Travers, fondateur du parc «Les Aigles du Léman», à Sciez (Haute-Savoie), a pour la première fois fait survoler l’intérieur des Vernets avant le match à ce pygargue à tête blanche, ce dernier a plus fait pour la cause de son espèce qu’une université entière. «Tout le monde le connaît à Genève, s’exclame le dresseur. Il est devenu la mascotte de la ville, au-delà du hockey. Quand on a commencé, les gens en avaient peur. Cet oiseau a réussi à changer l’image des aigles, il génère un amour incroyable.»
Si Sherkan participe à une multitude d’événements publics dans le canton, les matchs de la finale ont représenté un défi. Son maître en frémit encore: «Imposé par la ligue, le long protocole avant les rencontres nous a compliqué la tâche. Nous avons été inquiets pour un oiseau qui a ses habitudes et dont la patience n’est pas la première qualité. La salle éteinte a aussi été un problème: c’est un aigle, pas un hibou.»
Mais le volatile a accompli sa mission. «Pourtant, au niveau de l’intensité, la finale a été folle. Il y avait une telle envie dans la patinoire, j’en avais les larmes aux yeux. Or je transmets mes émotions à l’aigle. Après plus de 600 matchs, il m’a encore surpris. Heureusement qu’il s’est montré plus calme que moi.» Sherkan a aujourd’hui 24 ans. Volera-t-il la saison prochaine? Un aigle de 5 ans, Sherkan Junior, est potentiellement prêt à prendre la relève dès septembre. On sent le dresseur hésiter. «Nous recevons tellement de messages pour lui, une réflexion doit se faire.» En plein programme de réintroduction du pygargue, convaincu que cet oiseau a sa place parmi les hommes, comment Jacques-Olivier Travers pourrait-il rêver plus bel ambassadeur?
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