L’infantilisation des femmes n’a pas été desséchée par les températures caniculaires. Elle se porte toujours bien. Nous sommes et restons dans une époque fortement patriarcale, y compris dans les pays du Nord, qui donnent pourtant souvent le bon cap sur ces questions.
La polémique de ce mois concerne la première ministre finlandaise Sanna Marin, dont des vidéos ont témoigné qu’elle aimait faire la fête. Hum, effectivement, c’est du sérieux. Au moment où nous sommes au bord d’une troisième guerre mondiale, que les dérèglements écologiques nous explosent à la figure et que toute notre manière de vivre ensemble se voit redéfinie par des crises successives dans tous les domaines, une femme leader se trouve dans la tempête pour des faits insignifiants.
Est-ce une manière pour une partie de l’opinion publique et des dirigeants aigris d’avoir le sentiment de reprendre le contrôle? Quand tout va mal, occupons-nous de comment les femmes s’habillent, se comportent, de ce qu’elles font de leur corps et de leur image? Cela doit les aider à passer le temps. Décidément, aux femmes, on demande toujours plus et le travail ne semble jamais terminé. Hillary Clinton le relevait dans un tweet de soutien à Sanna Marin, se référant à l’ère des grandes comédies musicales à Hollywood: «Ginger Rogers faisait tout ce que Fred Astaire faisait. Elle le faisait juste à l’envers et en talons hauts.»
La polémique autour des images «fuitées» de la cheffe du gouvernement finlandais pose bien des questions. La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, l’a relevé avec pertinence: «Comment nous assurer que nous attirons les gens vers la politique plutôt que de les rebuter?» En tout cas pas en donnant à des talents en puissance des leçons de morale d’un autre âge par la voie des réseaux sociaux et des médias.
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C’est vrai, qui a envie de faire ce job si vos moindres faits et gestes – dont, en l’espèce, aucun ne viole la loi ou n’est irrespectueux d’une quelconque manière que ce soit – sont auscultés, jugés et condamnés à l’aune d’une vision empreinte de sexisme? La bonne nouvelle, c’est que les femmes (et pas qu’elles!) du monde entier se sont mobilisées pour soutenir Sanna Marin. Car comme le dit Christelle Luisier Brodard, présidente du gouvernement vaudois: «Finalement, chanter et danser, c’est plutôt positif, non?»