Cinq titres nationaux (trois en Italie, deux en Suisse), une coupe et trois Supercoupes dans la Péninsule, une coupe de Suisse, deux ligues des championnes, 89 sélections en équipe nationale, 36 en classes juniors, n’en jetez plus, la coupe est pleine… de lauriers. Et de souvenirs lumineux qui riment avec glorieux. Manière de dire qu’en une demi-vie consacrée au ballon rond, Sandy Maendly a accumulé les titres et empilé les trophées avant de raccrocher ses crampons, le 18 juillet dernier, au terme d’un Euro pétillant et épatant.
«Si j’étais un homme» chante Diane Tell. On le glorifierait pour beaucoup moins que ça. Autre débat. Qui n’effleure guère la Genevoise, pas jalouse de nature et très heureuse de son sort. «Je n’ai aucun regret. J’ai beaucoup donné au foot et il m’a apporté des tonnes de bonheur et de satisfactions en retour. Je crois avoir arrêté pile au bon moment. Tous les jours à fond pendant seize ans avec la pression de la performance en sus, cela finit par user. J’ai senti que l’heure de revenir à une vie plus «normale» et paisible avait sonné», devise l’ex-milieu de terrain du club grenat, au moment où décline pour elle une année riche en émotions.
«Ma décision a été mûrement réfléchie et je me suis délectée de chaque seconde de ma dernière saison. Malgré cela, j’ai eu un affreux blues qui m’a tenaillée deux ou trois semaines», reconnaît l’ancien pilier du Servette Chênois, qui dit avoir très vite rebondi grâce à l’indéfectible soutien de son club, à son nouveau job qu’elle adore et à ses nouvelles et explosives activités sportives.
Car quitter la compétition de haut niveau ne signifie pas pour autant perdre son esprit. Alors, pour combler le manque et garder ce lien presque charnel avec le ballon, Sandy, désormais responsable de la cellule de recrutement, de la gestion des jeunes talents de l’Académie féminine ainsi que du développement de l’image du club à l’étranger, s’est lancée à corps perdu dans le foot salle, le padel tennis et même la boxe.
«Maintenant, je peux toucher à tout, profiter de la vie à fond, traîner avec des amis jusqu’à 2 heures du matin si ça me chante, sans avoir mauvaise conscience ou me soucier du lendemain», confie celle qui, plus jeune, se voyait physiothérapeute. «Aujourd’hui, je peux travailler et vivre de ma passion. C’est merveilleux. Il n’y a rien de plus beau que de se lever le matin pour aller faire ce qu’on aime. Cela étant, je reste ouverte à tout. Peut-être que l’envie d’être plus proche du terrain se fera sentir un jour», confie la préparatrice physique diplômée de l’Université de Lyon, qui a également dans sa besace un diplôme en thérapies manuelles. «On verra bien. Pour l’instant, je suis très contente de ma vie et je savoure encore ce formidable happy end.»
Une attitude positive puisée dans une carrière vécue au jour le jour avec comme unique priorité de rester constamment au sommet de sa forme. «Ma dernière saison exceptée, je n’ai jamais pu vivre du foot. A côté, j’ai fait un peu de tout. Logisticienne aux CFF, postière et, plus excitant, secrétaire à mi-temps à l’Association suisse de football quand je jouais à YB.»
Un destin qui aurait sans doute pris une autre tournure si elle avait accepté de rejoindre l’Académie d’Arsenal, comme le lui proposait le prestigieux club londonien, en 2008. «Je n’étais pas prête. J’avais 20 ans et je sortais d’une grave blessure. Et puis, qui sait, peut-être qu’à trop en faire j’aurais été dégoûtée du foot», suggère la cinquième joueuse la plus capée du pays, qui se définit comme une indécrottable optimiste qui regarde le monde et ses malheurs du haut de la sagesse et d’un certain bon sens.
«Il se passe des choses horribles et inquiétantes sur la planète. Des tragédies humaines et des périls qui m’interpellent et m’ébranlent bien sûr. Pour me rassurer un peu, je me dis qu’au fond ils ont toujours existé.»