Vigne vierge et figuier donnent un aimable air méridional à la Cave Caloz, à Miège, au-dessus de Sierre. Dans ce village serti dans le vignoble, une maison sur trois est une cave. Mais il y en a une qui vient de faire parler d’elle: c’est celle de Sandrine, l’aînée des quatre sœurs Caloz, qui vient d’être nommée Vigneronne bio suisse de l’année 2019. «C’est une belle récompense pour papa et grand-papa, qui ont lancé cette démarche bio en précurseurs. Et pour moi, c’est un encouragement à persévérer», se réjouit la vigneronne, regard bleu pastel.
Survolant la vallée du Rhône, avec un coup d’œil somptueux sur le bois de Finges, les 6 hectares du domaine Caloz sont entièrement certifiés Bourgeon Bio Suisse. Donc totalement exempts de chimie de synthèse: «On traite la vigne, mais différemment», explique Sandrine, tout juste 30 ans, diplômée de l’Ecole d’œnologie de Changins.
De la mécanique et des moutons
Si le bio demande beaucoup de volonté, de connaissances, de travail et, bien sûr, de talent, Sandrine, pudique, préfère une autre explication: «J’ai surtout un outil très performant, insiste-t-elle. Mon papa a beaucoup investi dans la mécanisation du domaine: sans cela, gérer l’équilibre entre vignes et autres plantes serait impossible.»
En effet, sur le terrain, près du Sentier des terroirs – une balade œnotouristique – on reconnaît les parchets de la Cave Caloz grâce aux herbes et aux plants d’armoise odorants qui s’épanouissent entre les rangs de ceps. En complément à la mécanique, au printemps et à l’automne, un troupeau de cinquante moutons vient y paître entre les pêchers de vigne et les jujubiers, qui s’épanouissent au pied des murs de pierres sèches: «Nous pouvons ainsi nous passer de désherbant et l’éleveur économise du fourrage.» Tout le monde y trouve son compte. Et c’est exactement le type de démarche que Sandrine Caloz apprécie: «Le vin, c’est à la fois une histoire, des relations humaines et, dans notre cas, une affaire de famille.»
Tout a commencé en 1960, lorsque Fernand, le grand-père de Sandrine, construit la cave. Puis la maison et le vignoble s’agrandissent entre les mains de Conrad et d’Anne-Carole, les parents de Sandrine: si la maison de famille continue à ressembler à une paisible villa, en dessous, c’est tout un labyrinthe de couloirs, de caves et de locaux de stockage qui attend le visiteur. Et, depuis 2013, Sandrine reprend petit à petit le flambeau. Les vins, elle les aime locaux, fruités, légers.
Duo gagnant
Au sujet de sa petite arvine 2018, Sandrine ose: «C’est la première année où je suis satisfaite: j’y trouve les notes d’agrumes et la minéralité que je recherche.» Bien vu, sa cuvée Les Clives a été notée 92,4 points sur 100! Puis il y a son cornalin 2018, qui a remporté 89,9 points. C’est le duo gagnant parmi 300 échantillons du concours organisé par Vinum et Bio Vino.
Cette reconnaissance vient confirmer le choix de chefs (Didier de Courten, Jacques Bovier, Pierre Berclaz, Pierre Crepaud…) mais aussi d’un distributeur américain, Rosenthal Wine Merchant, spécialisé dans les crus de terroir, qui livre les cavistes et les restaurants prestigieux. «A Manhattan, ils sont proposés à des tarifs de fou», constate la vigneronne, qui a choisi Marie-Thérèse Chappaz, Madeleine Mabillard-Fuchs et Marie-Bernard Gillioz pour modèles: «Elles sont pionnières, compétentes, femmes et mères», sourit la jeune maman, jetant un regard sur Sélène, 2 ans, et Leïla, 6 mois, toutes les deux des caractères «de sergent-major», comme s’amuse à les décrire leur grand-mère Anne-Carole.
L’autre passion de Sandrine, c’est la montagne. Avec Taylan, son mari, informaticien, ils s’y évadent volontiers. A l’évidence, les sommets, Sandrine les tutoie en privé comme à la cave.