Si la notion de «jet-lag» est parlante pour de nombreux parents désespérés par le rythme de leur adolescent, on parle plus précisément de décalage nycthéméral (autrement dit jour/nuit). Un phénomène qui concerne de nombreux jeunes. «Ce serait un cliché de dire que tous les adolescents ont un sommeil décalé, ne parviennent ni à se coucher, ni à se lever les jours d’école, mais de nombreux ingrédients propres à l’adolescence favorisent cette tendance, précise la Dre Marie Schneider, médecin-cheffe de clinique à l’unité Malatavie (partenariat entre les Hôpitaux universitaires de Genève et la fondation Children Action). Parmi eux: les bouleversements hormonaux, qui modifient certains paramètres physiologiques, les interactions sociales, qui tendent à se vivre en mode illimité, à toute heure du jour et de la nuit, la consommation d’excitants ou de substances pouvant perturber le sommeil (boissons énergétiques, café, cannabis, etc.) ou encore la lumière bleue des écrans, susceptible de dérégler la sécrétion de mélatonine, hormone favorisant le sommeil.
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Apprendre à se connaître
Comment lutter, du côté des parents? «L’enjeu majeur est d’accompagner l’adolescent à se connaître. Cela vaut de façon globale, mais aussi pour le sommeil lui-même. Il est très précieux de savoir quel dormeur on est pour être conscient de ses besoins et apprendre à les concilier avec les exigences sociales et scolaires», indique l’experte. Et de préciser: «Les adolescents ont souvent encore besoin de huit ou neuf heures de sommeil, mais se distinguent déjà les petits et les gros dormeurs, les couche-tard et les lève-tôt.»
Deuxième enjeu, incontournable: encourager l’hygiène de vie. «Les facteurs clés sont bien connus, même s’ils ne sont pas toujours populaires à l’adolescence», poursuit la Dre Schneider. Pour n’en citer que quelques-uns: une activité physique suffisante (pas trop tardive), des heures de repas régulières ou encore la mise en place le soir d’un temps «rituel» idéalement dénué d’excitants, d’écrans et de stress. Un ensemble de conseils à manœuvrer (côté parents toujours) en apprenant à lâcher du lest…
Mais quand le malaise et la fatigue s’installent, une consultation médicale s’impose. «Dès lors que l’heure d’endormissement devient vraiment trop tardive – on parle de décalage de phase –, que des réveils nocturnes se produisent et que l’adolescent souffre de somnolence diurne, il est nécessaire d’investiguer pour identifier la ou les causes du problème, conseille l’experte. L’explication peut être simplement physiologique, mais aussi organique (syndrome d’apnée du sommeil par exemple) ou psychologique (troubles de l’humeur, dépression, etc.).»
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