Le mois de septembre a fait vaciller mythes et couronnes. En cette fin d’été qui s’étire, le roi du tennis mondial Roger Federer annonce qu’il prend sa retraite. Juste après une annonce similaire de l’immense joueuse qu’est Serena Williams. Une semaine après le décès de «the Queen», la reine Elisabeth II, et dans les jours qui ont suivi la disparition du génie du cinéma Jean-Luc Godard. Il n’y a pas lieu de comparer ces éclipses. Bien heureusement, nous n’enterrons pas aujourd’hui le tennisman suisse, tout juste âgé de 41 ans et qui voit s’ouvrir à lui une nouvelle vie.
Mais il y a dans notre univers mental des gens là depuis toujours qui contribuent à façonner notre imaginaire. Roger, comme la reine, fait partie de ces repères qui nous accompagnent depuis tellement longtemps… Un sportif dont la carrière au plus haut niveau s’étire sur une telle période – au-delà du fait que c’est totalement inhabituel – nous ferait presque croire au miracle de la jeunesse éternelle.
Les lois de la biologie ont certes eu raison du mythe, mais il n’empêche. Il y a ce que ces rares personnages ont réalisé dans leur vie, des parcours exceptionnels. Mais au-delà du «faire», c’est bel et bien par le haut niveau d’exigence envers soi-même, la dignité du personnage, le respect qu’il inspire par son attitude toujours impeccable que le champion a su imposer un standard. Comme pour la reine. Il y a une multitude de moyens d’arriver au plus haut niveau, il existe quelques chemins pour revenir au sommet après avoir chancelé et encore moins de voies pour inscrire sa marque dans la durée avec un tel panache. Sur un court comme sur un trône.
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Le temps qui passe et qu’il faut saisir pour le modeler à ses désirs… vaste programme! Roger n’aura pas le loisir de s’interroger longuement pendant ces prochaines années sur ces questions philosophiques. Homme d’action et d’engagement, innovateur et enthousiaste au grand coeur, il s’active déjà pour réinventer la compétition dans son sport avec la Laver Cup, dont la prochaine édition aura lieu ce weekend à Londres. Il a aussi une trace à imprimer dans la philanthropie à travers sa fondation, qui a déjà marqué des points dans le domaine – en Suisse comme en Afrique du Sud, son autre pays. Roger doit surtout veiller à continuer à être ce qu’il est: un modèle pour des millions de personnes dans le monde. C’est son héritage le plus précieux.
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