Le réchauffement climatique fait souffrir nos arbres, en ville comme en forêt. Les spécialistes s’en inquiètent depuis des années. Les projets en cours pour renouveler bois et parcs avec des espèces résistant au climat de demain tablent sur une température moyenne de 3 à 4°C supplémentaires en 2070. Mais cet été 2022 fait craindre que tout s’accélère. Les météorologues n’ont-ils pas constaté qu’il se produisait déjà ce qu’ils attendaient pour 2040?
Les recherches de nouveaux arbres s’orientent vers le nord de l’Espagne, les Balkans, le Caucase. Soit une relative proximité et des climats continentaux plutôt que méditerranéens. Car si nos futurs étés seront plus chauds et plus secs, avec des épisodes pluvieux plus rares mais plus violents, les espèces de rechange devront aussi résister aux coups de gel, qui n’auront pas disparu en hiver. «Lausanne, ce sera comme Zagreb», résume l’un de nos interlocuteurs.
La problématique n’est pas tout à fait la même en forêt qu’en milieu urbain. Dans les villes, les responsables des arbres sont sur une même longueur d’onde. L’apport exotique leur est familier: ils l’ont hérité des grandes propriétés du XVIIIe siècle, qui sont devenues nos parcs publics. Des organisations comme le WWF ou Pro Natura ont longtemps manifesté de la résistance aux importations, mais cette hostilité a fondu au fur et à mesure que l’évolution climatique mettait en échec les espèces indigènes. Noisetiers de Byzance ou aulnes de Corse vont se multiplier dans les rues, même si des difficultés d’adaptation ne sont pas exclues, comme Lausanne en a fait la récente expérience avec des chênes de Hongrie.
En forêt, c’est plus compliqué. L’urgence n’est pas moindre, puisque les deux espèces les plus mal en point sont le hêtre et l’épicéa, sur lesquels repose toute l’économie forestière. Mais il n’y a pas encore de consensus sur la ligne à suivre entre cantons et forestiers. Certains préfèrent ne rien planter et comptent sur la régénération naturelle en faisant de la place aux autres espèces indigènes déjà présentes. Le charme, l’érable ou le tilleul, qui souffrent en ville, résistent mieux en forêt. Question de temps? D’autres, plus radicaux, rasent des surfaces entières de hêtres et plantent des chênes de pépinières. En forêt comme en ville, la diversité sera le maître-mot: c’est là où elle est moindre que les dégâts sont actuellement les plus importants.
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En difficulté aujourd’hui:
Ils tiendront bon demain:
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Remerciements à Kathrin Streit, Yann Vitasse, Roger Beer et Michaël Rosselet pour leurs orientations.