Nombreux sont ceux qui choisissent d’offrir une montre en guise de cadeau jubilaire. Pour une communion, un diplôme de fin d’études, la majorité, les 20 ans, les 40 ou les 60… à chaque occasion sa montre, à chaque nouvelle dizaine son garde-temps. «En Suisse, c’est une tradition qui ne se perd pas», constate Julien Meylan, codirecteur de l’entreprise familiale Lionel Meylan, spécialisée dans la vente de montres et de bijoux à Vevey.
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«L’horlogerie a été fabriquée pour l’éternité, contrairement à tous ces objets connectés à l’obsolescence programmée. Il n’y a pas beaucoup d’objets qui peuvent durer autant. Une voiture? Elle sera hors service au bout de quelques années. Une bonne bouteille? On finit toujours par la boire. La montre, elle, sera toujours là.» Parce qu’elle a été conçue pour durer, autant bien la choisir. Et donc, se poser les bonnes questions.
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Boomer ou Gen Z, même combat
Est-elle le symbole d’un statut social ou un accessoire à la mode? Porte-t-on la même montre à 20 ans qu’à 60? «Il existe autant de styles de montres que de personnalités, de besoins et d’envies, rappelle Julien Meylan. Il y a quelque temps, un jeune homme est venu pour acheter une Grande Classique de Longines. Un monsieur d’une soixantaine d’années rêvait quant à lui d’une Big Bang d’Hublot. Entre les deux, il y a un monde.»
Même constat à l’autre bout du lac, dans la boutique Les Ambassadeurs. «Chaque génération a été marquée par son époque, la mode et les tendances qui l’accompagnent, remarque Ignaz Steg, branch manager. La différence de style est moins présente aujourd’hui, à l’image de la société qui se diversifie, des générations qui se mélangent et se côtoient plus. Le choix du client est à ce jour très personnel et nous nous attachons à déterminer avec lui quelle montre lui ressemble, convient à son style de vie et, surtout, lui apporte le plus d’émotions.»
Quel que soit l’âge, le choix d’une montre relève donc avant tout d’une question de goût et d’usage. Sera-t-elle faite pour être portée tous les jours ou pour des occasions spéciales? Une montre extraplate pour faire du trekking est peu adaptée. A l’inverse, une grosse montre de plongée ne se glisse pas facilement sous une chemise.
Elio, lui, a choisi de ne pas choisir. Eveillé à la magie de l’horlogerie par son grand-père – qui lui a par la même occasion légué une vieille montre de poche qui ne fonctionne plus mais qu’Elio conserve précieusement par sentimentalisme –, cet amateur de 29 ans possède une montre pour toutes les occasions. Il en a reçu une comme cadeau de communion. Depuis, il les achète lui-même. «Une pour le fitness, une pour aller danser en boîte, une autre pour travailler, une pour être élégant… La montre, c’est un objet qui m’accompagne dans tout ce que je fais. Quand j’étais plus jeune, je m’intéressais essentiellement à l’aspect esthétique, le côté mode de l’accessoire. Aujourd’hui, je regarde aussi la mécanique.»
Le retour des icônes
Mécanique ou à quartz? C’est une autre question qu’il est important de se poser quand on achète une montre. «Si on souhaite que le cadeau dure dans le temps, je conseille plutôt de se tourner vers un mouvement mécanique qui pourra toujours être réparé, explique Julien Meylan. On arrive toujours à entretenir ou restaurer un mouvement des années 1930. Avec un mouvement à quartz des années 1970, c’est souvent plus compliqué, car la technologie n’est plus la même aujourd’hui. Je conseillerais également de partir sur une marque bien établie capable d’assurer un service après-vente sur le long terme. Dans la mesure où la durée de vie d’une montre est très longue, c’est important de pouvoir la faire réparer.»
Aimer, entretenir pour mieux transmettre? Si les goûts et les couleurs n’ont pas d’âge, la question de l’héritage vient avec le temps. «Avant, ce que j’attendais d’une montre était surtout lié au statut social, raconte Guillaume, 36 ans. Aujourd’hui, je préfère me tourner vers des montres que j’ai plaisir à porter tous les jours. En même temps, je suis attentif au fait que j’aimerais pouvoir léguer ma montre plus tard, donc je m’intéresse plutôt aux modèles qui ont une certaine réputation.»
S’il est difficile de spéculer sur la valeur que prendra un garde-temps à l’avenir, les montres issues du patrimoine horloger ont la cote depuis quelques années. «On observe un retour aux modèles de montres classiques sur des diamètres de boîtiers plus petits, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, confirme Ignaz Steg, des Ambassadeurs. Les garde-temps iconiques sont des valeurs sûres particulièrement appréciées en ce moment.» Et cela est valable pour toutes les générations.