«J’ai été invité en 2007 par le Montreux Comedy, qui organisait un gala à Paris dans le cadre du festival Paris fait sa comédie. Je suis alors parti pour la capitale avec mon épouse et la première mésaventure est arrivée très rapidement, avant même de partir. Puisque c’était un spectacle en France, je ne pouvais pas imiter Couchepin ou Brélaz. J’ai alors choisi de jouer un sketch dans lequel j’incarnais Johnny Hallyday, qui, à l’époque, habitait Gstaad: j’interprétais Johnny qui jouait «Allumer le feu» au cor des Alpes, pour s’imprégner de la culture suisse – autrement qu’à travers les banques.
Mais, démonté et emballé, un cor des Alpes ressemble plus ou moins à un fusil, ce qui n’est pas passé inaperçu à l’aéroport! Je me suis fait arrêter une douzaine de fois. Et puis, lorsque j’expliquais ce que c’était, je me retrouvais face à des policiers ahuris qui n’avaient aucune idée de ce qu’était un cor des Alpes et qui me demandaient d’ouvrir mon sac! Bref, arrivé à Paris, j’ai vécu une situation très particulière.
Le gala auquel je participais était présenté par Alexandre Astier et j’ai toujours été un grand fan de «Kaamelott». Alors, quand je me suis retrouvé à me faire maquiller avec Astier à côté de moi, j’étais tout intimidé! C’est un personnage avec une culture incroyable, il connaissait le cor des Alpes, ça m’a réellement impressionné. De plus, son père, Lionel Astier, qui interprète Léodagan dans la série, était également présent. Le plus drôle, finalement, c’est qu’ils causent exactement comme dans la série: à un moment, le père rentre dans les loges et nous sort: «Vous jouerez pas comme des fiottes, hein, j’veux pas avoir honte!» J’étais vraiment tout impressionné, c’était très étrange, j’avais un peu l’impression d’être un petit Suisse plongé dans «Kaamelott». Et puis, comme c’était un spectacle en France, j’étais affublé d’un ridicule pull rouge avec une croix blanche…
Mais bon, j’ai fait mon numéro et tout s’est bien passé. C’était assez particulier comme sensation: je me souviens très bien que j’étais en train de jouer du cor des Alpes devant 2000 personnes durant cinq minutes et j’avais vraiment réussi à apprécier ce moment en étant totalement conscient de ce qu’il se passait, c’était une sensation réellement incroyable. Et à la fin, j’ai même pu prendre une photo avec toute l’équipe. Le lendemain, les galères ont très vite repris.
Alors qu’avec mon épouse (et mon cor des Alpes, bien évidemment) nous nous trouvions dans la voiture qui devait nous amener à l’aéroport, la fille qui nous conduisait reçoit un coup de téléphone. Ce n’était en fait pas nous qu’elle devait ramener et elle a été obligée de nous laisser en plan, sur un passage piéton, au milieu de Paris. Forcément, le temps de trouver un taxi et d’arriver à l’aéroport, l’avion était déjà parti. C’était en 2007, il n’y avait pas encore les smartphones alors nous avons dû téléphoner à une amie en Suisse pour avoir un billet. Mais évidemment, le seul vol disponible rapidement partait de l’autre aéroport! Après avoir traversé la ville et m’être encore une fois fait arrêter plusieurs fois à cause de mon cor des Alpes, nous sommes finalement rentrés après une soirée très spéciale et riche en émotions.»
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Son site internet: yannlambiel.ch