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Graines de stars - épisode 2

«Quand tu es Suisse et que tu veux réussir dans la musique, il faut être un peu entrepreneur»

Elle a fait des passages sur des radios internationales et reçu des invitations de grands festivals de musique: les Transmusicales de Rennes, le Printemps de Bourges, le Paléo Festival ou encore le Montreux Jazz. Portrait de Sandor, une artiste à la voix brutale et envoutante.

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Sandor

«J’ai pris un pseudonyme parce que j’enseigne. Je voulais séparer ces deux mondes qui n’ont rien en commun.», déclare Sandor à «L'illustré». 

Magali Girardin

«J’ai pris un pseudonyme parce que j’enseigne. Je voulais séparer ces deux mondes qui n’ont rien en commun.»

Sandor, chanteuse et enseignante, Lausanne

Elle nous attend sur le pas de la porte de son charmant appartement lausannois. Essoufflée, elle vient de rentrer chez elle après une folle course pour récupérer son portable qu’elle pensait perdu. Fausse alerte. Installée sur le balcon, la musicienne retrouve ses esprits et se raconte avec une simplicité et une jovialité qui tranchent avec la puissance émotionnelle de son univers musical et de ses textes sombres, parfois crus.

L’auteure, compositrice et interprète a baigné dans la musique depuis sa tendre enfance. S’ensuivent une formation musicale et des petits boulots à gauche, à droite. Pas suffisant pour vivre de son art. Elle se forme alors au métier d’enseignante à la Haute Ecole pédagogique du canton de Vaud. La musique, ce sera pour le plaisir. Elle compose et écrit dans l’intimité de sa chambre. Jusqu’au coup de pouce d’une amie, organisatrice de soirées à Lausanne, qui va tout changer. Elle programme la musicienne en première partie de la chanteuse Jeanne Added. Elle choisit Sandor comme nom de scène. Pourquoi? «J’ai pris un pseudonyme parce que j’enseigne. Je voulais séparer ces deux mondes qui n’ont rien en commun. Exposer sa vie intérieure est un choix, mais je le fais en tant qu’artiste, surtout pas en tant que maîtresse d’école.»

La chanteuse est repérée par Couleur 3. Sa pop new wave, ses textes puissants, sa voix brutale et enveloppante font mouche. D’autres radios francophones suivent, le magazine français Les Inrockuptibles tombe sous son charme. Sa carrière est lancée. Elle écume les scènes des festivals en 2017 et 2018. Les Transmusicales de Rennes, le Printemps de Bourges, le Paléo Festival et le Montreux Jazz, pour ne citer que les plus renommés. Son premier album, Sandor, sort dans la foulée.

Les concerts durant les week-ends et les vacances scolaires, la casquette de maîtresse de 5P et 6P en début de semaine. Un rythme astreignant, qui l’enchante pourtant. Les semaines défilent, pas le temps de s’ennuyer. Mieux encore, l’enseignement lui assure une certaine stabilité. «Ça me permet de me structurer. C’est bon pour l’esprit, un peu comme le sport», assure la Lausannoise d’origine valaisanne.

Cette dualité, elle la chérit et s’en amuse. Elle se souvient: «Je suis rentrée un samedi du Québec, où nous avions joué pour un festival. Lundi matin, en me rendant à l’école, je me retrouve dans le bus, toute seule, un peu penaude, alors que deux jours auparavant, j’étais face à un public qui criait mon nom.» Bon, les enfants crient aussi, non? Elle éclate de rire: «Pas pour les mêmes raisons. C’est plutôt: «Oh non, il y a la maîtresse!» En plus, une fois arrivée à l’école, on m’avertit qu’il y a des poux. Boum, tu retombes de 40 mètres, mais cette dualité est très sympa.»

Aujourd’hui, elle est entrée dans une phase plus calme, de composition, avec un album prévu pour la fin de l’année 2022. Dans l’intervalle, elle se réjouit de retrouver la scène et son public. Un rêve? «Jouer à l’Olympia, une salle mythique. Gamine, je regardais Les Enfoirés à la télé. Je voulais faire partie de l’équipe, même si aujourd’hui je ne fais pas vraiment de la variété française.» Un deuxième rêve? «Trouver un label qui me booste. Quand tu es Suisse et que tu veux réussir dans la musique, il faut être un peu entrepreneur. Si tu ne possèdes pas cet esprit-là, en plus de tes compétences musicales, il faut s’entourer de gens qui l’ont.»

Par Alessia Barbezat publié le 16 juillet 2021 - 08:41