«Le chocolat est entré de force dans ma vie», explique Mercedes Assal Poget quand on lui demande comment elle s’est retrouvée à diriger La Chocolatière, une chocolaterie qui compte plusieurs boutiques dans la région lausannoise. Cette Helvético-Péruvienne se décrit avant tout comme une gourmande de chocolat. En faire son métier n’était pas dans ses plans, et pourtant…
Née en Suisse, elle vit au Pérou de 6 à 17 ans. La jeune femme a tout de suite un attrait pour les métiers du service: «Lorsqu’on avait des invités à la maison, qui étaient souvent des membres de la famille, je leur proposais déjà une petite carte où ils pouvaient choisir des limonades, des sucreries, des chocolats… Et ma mère venait derrière moi rembourser ce qu’ils m’avaient payé, 2 ou 10 centimes.» De retour en Suisse, Mercedes Assal Poget continue dans cette voie et entre à l’Ecole hôtelière de Lausanne.
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Diplôme en poche, elle se lance, non pas dans le chocolat, mais dans les finances et les mathématiques. Elle travaille aussi quelques années pour une multinationale américaine. Le chocolat, lui, reste le petit plaisir acheté à la chocolaterie du quartier. Mais, un jour, La Chocolatière annonce sa fermeture. Mercedes Assal Poget est alors enceinte de son troisième enfant, a sa propre entreprise, à mille lieues du chocolat. «Il a fallu faire de la place dans ma vie, et ensuite je suis allée faire une offre de rachat», raconte-t-elle.
La nouvelle directrice transforme La Chocolatière à son image: du savoir-faire suisse agrémenté d’une touche péruvienne, notamment grâce à l’utilisation de fèves de cacao du Pérou pour plusieurs chocolats. Pour être certaine de tout maîtriser, Mercedes Assal Poget est passée par tous les postes: apprentie chocolatière, puis vendeuse, avant de devenir cheffe d’entreprise. Elle s’y épanouit: «Le métier de chocolatier donne une grande ouverture d’esprit et beaucoup d’imagination.»
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Le chocolat est un emblème de la Suisse à l’international. Peut-on se faire une place dans ce milieu quand on ne prône pas que le savoir-faire suisse? Aux yeux de Mercedes Assal Poget, c’est un domaine qui devient plus inclusif. «Dans les concours, on voit de plus en plus de jeunes de différentes origines qui s’intéressent au métier de chocolatier. Je crois que la chocolaterie comme on l’a connue, avec des origines très ciblées, dont la Suisse était ambassadrice, laisse aujourd’hui de la place aux autres, sans se retirer pour autant», estime la chocolatière.
Très attachée au Pérou, Mercedes Assal Poget y retourne régulièrement, notamment pour rencontrer des producteurs de cacao. «Il y a une vitesse d’accélération que j’adore, notamment dans le domaine de la gastronomie et de la chocolaterie», se réjouit-elle. Choisir entre les deux pays? La femme d’affaires ne peut s’y résoudre. «J’aime la qualité de vie et le travail à la pointe de la technologie en Suisse, et j’aime la joie de vivre et le contact facile au Pérou», résume-t-elle.