La téléréalité a fait irruption dans nos vies il y a tout juste vingt ans. Le phénomène a été immédiat. Quand les caméras ont commencé à explorer Loft Story, nous nous sommes retrouvés subitement collés à nos télévisions sans pouvoir nous défaire de cette obsession. Les voyeurs ont vu, les intellos ont thématisé sur le thème. Et tout l’espace francophone s’est trouvé de nouvelles idoles à adorer ou à brûler.
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«Que vont faire Loana et Jean-Edouard?» devenant le nouveau «D’où viens-tu vraiment, Johnny?», la téléréalité a produit en 2001 le même choc culturel que le cinéma, la télévision et le rock des décennies plus tôt. Que disait alors de nous cet ovni mêlant divertissement et voyeurisme? S’agissait-il d’une insupportable exaltation de la culture du vide ou d’une mise en abyme diablement maligne?
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La réponse s’avère limpide et tient au paradoxe auquel nous confronte la téléréalité: nous n’y apprenons rien… si ce n’est sur nous. Nous qui sommes souvent capables de nous souvenir de l’existence même de ces héros de pacotille (de leur prénom, même de leur bio!) pourtant créés pour nous distraire, le temps fugace d’un programme TV. Quand parfois les références à la culture classique nous font défaut, nous en avons un peu honte, avouons-le.
Mais l’histoire ne fait décidément que se répéter, voire bégayer. En 2007, Steve Jobs, le fondateur d’Apple, présentait le premier iPhone, point de départ de notre ère numérique. La même année où Kim Kardashian lançait son show familial qui allait bientôt faire le pont entre téléréalité et influence sur les réseaux sociaux.
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Loana s’appelle aujourd’hui Charli d’Amelio, influenceuse sur TikTok avec plus de 100 millions de fidèles. Les apprenties stars maladroites des débuts de la téléréalité se sont transformées en machines à générer du cash. Si la célébrité ne dure souvent qu’un quart d’heure, l’industrie du divertissement a, elle, toujours su pivoter pour profiter d’un phénomène après l’autre.