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L'édito

Coupe du monde 2022 au Qatar, les hypocrites scandalisés

La Coupe du monde de football débute le 20 novembre au Qatar. Le journaliste Christian Rappaz se désole de constater que le monde semble découvrir ce non-sens qu'à quelques jours de son coup d'envoi. Mais peut-on vraiment croire que le choix de l'emplacement de cet événement ait été fait de manière démocratique et raisonnée? Éditorial.

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Coupe du monde au Qatar

La Coupe du monde de football débute le 20 novembre au Qatar.

Anadolu Agency
Christian Rappaz, journaliste
Christian Rappaz

Tout se passe comme si le monde découvrait, à quelques jours de son coup d’envoi, qu’attribuer la Coupe du monde au Qatar était une ineptie. Il ne passe en effet pas un jour sans qu’un média ou une ONG dénonce un scandale lié à cette organisation, attribuée par la FIFA en 2010. Soyons sérieux. Qui peut croire une seconde qu’un amoureux du football a pu voter en faveur du petit émirat s’il n’a pas été payé pour le faire? Qui peut croire qu’un pays prêt à verser 630 millions d’euros à Kilian Mbappé dans les trois prochaines années s’interdirait de s’acheter les voix de quelques délégués pour une dizaine de millions? Qui peut croire enfin que le royaume gazier n’a pas été mêlé à l’élection surprise de Gianni Infantino, «petit» secrétaire général de l’UEFA, à la tête de la plus grande fédération sportive du monde?

Tout cela nous crevait les yeux bien avant de crever nos écrans. Au fait, qu’en disaient à l’époque les esprits vertueux qui font des cris d’orfraie aujourd’hui et se battent pour interdire les fan-zones? Rien! Et que disent-ils aujourd’hui sur le fait que Credit Suisse appartient pour 5% au Qatar et 10% à l’Arabie saoudite, ce pays qui n’hésite pas à découper un journaliste en morceaux pour le faire taire? Rien non plus. Quelle hypocrisie.

Mais revenons à la FIFA et à son président, puisqu’il suffit parfois de présenter les choses pour les comprendre. Elu à la présidence le 26 février 2016, Gianni Infantino est épinglé par sa commission d’éthique en avril déjà pour des conflits d’intérêts et des vols en jet privé payés par la Russie et le Qatar. En 2020, la FIFA retire sa plainte pour corruption contre le Qatari Nasser al-Khelaïfi, patron du Paris Saint-Germain. En 2021, le Haut-Valaisan établit sa résidence principale à Doha, une année avant l’événement. Une première d’autant plus étonnante que les statuts de l’organisation, révisés en 2016, précisent que le président n’a qu’un rôle représentatif et stratégique, pas opérationnel. Question(s): pourquoi le Haut-Valaisan s’est-il installé à Doha? Qu’y fait-il? Qui paie la location de son luxueux domicile, les dépenses de sa famille et de son train de vie? La FIFA ne répond pas à ces questions. Un silence assourdissant...

 

Par Christian Rappaz publié le 17 novembre 2022 - 08:23