La meilleure prévention contre les abus sexuels? Jocelyne Robert, sexologue, pédagogue et auteure de «Te laisse pas faire!»* a un cri du cœur: «On pourrait ne pas faire de prévention si on donnait une éducation sexuelle saine et limpide à nos enfants. Ils ont le droit à des informations, à être accompagnés dans leur développement psycho-sexuel, par l’entourage et l’école. Il faut saisir chaque occasion propice suivant leur âge pour parler de sexualité. Lorsqu’un enfant commence à parler, cela signifie utiliser les bons mots, nommer ses organes génitaux de manière positive: un pénis n’est pas un zizi, une vulve n’est pas une zézette. C’est important d’illuminer l’identité sexuelle de l’enfant de manière à ce qu’il soit fier d’être un garçon ou une fille. Cela lui donne du pouvoir et l’épanouit.»
Aborder la sexualité de manière positive permet de savoir dire non plus tard, de sentir lorsque l’approche d’un grand (adulte ou ado) n’est pas normale. Quand on éduque son enfant à propos de la nature par exemple, on lui apprend d’abord les bienfaits, les joies d’une balade en forêt avant de parler des dangers des champignons vénéneux. C’est une démarche normale que l’on devrait appliquer à la sexualité. Informer avec une attitude positive permet d’intéresser l’enfant sans lui faire peur.
On ne parle pas assez du poids du secret utilisé par le manipulateur. Jocelyne Robert en est convaincue: «C’est dans le secret que tout se passe, que l’agresseur s’installe. Il traite l’enfant comme un chouchou, ce qui est gratifiant pour l’enfant. Petit à petit, le silence s’installe. Dès qu’un grand a un comportement intimiste (tapotement, main sur la cuisse, etc.) l’enfant sent que quelque chose d’anormal se passe. S’il parlait à un parent ou à un proche de confiance dès cette sollicitation, le plan de l’agresseur serait saboté.»
La sexologue propose des exercices à faire avec l’enfant dans son ouvrage ludique, au ton agréable et aux illustrations sensibles. Elle suggère des attitudes éducatives concrètes, efficaces. Avec un but: faire de l’enfant et du parent une équipe gagnante vigilante et plus rusée que l’agresseur. Un ouvrage à feuilleter, en discutant, véritable outil pour développer une juste perspicacité.
Conseil d’experte
Jocelyne Robert, sexologue, livre son conseil pour que l'enfant parvienne à identifier une situation potentiellement dangereuse.
«Des jeux de mise en situation permettent d’informer sans effrayer. Afin que l’enfant sache détecter les situations à risque. Avec la banalisation de la sexualité, l’enfant croit que le sexe est une monnaie d’échange.
C’est ainsi, avec des cadeaux, que l’agresseur le tient.»
«Les ogres ne sont pas seulement dans les contes.»
Apprendre à détecter les situations à risque par le jeu et la discussion, tel est l’objectif de l’ouvrage de Jocelyne Robert.
>> * Le Livre: «Te laisse pas faire! Les agressions et les abus sexuels expliqués aux enfants», de Jocelyne Robert, Editions de l’Homme.