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Journée des femmes

Plus tard, je serai...

Elles ne savent pas forcément ce qu’est la Journée des femmes et ignoraient qu’il fallait encore se battre pour l’égalité. Ces quatre femmes en devenir, de 7 à 14 ans, vives, déterminées, pleines d’espoirs et d’envies, se rêvent un futur et un métier passionnants.

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Darrin Vanselow

Isis, 11 ans 3/4 et future chimiste

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Avec sa panoplie professionnelle prêtée par le Gymnase de la Cité, à Lausanne, Isis se rêve maître des potions. C’est sûr, elle va sauver le monde!  Darrin Vanselow

Son truc, c’est les potions. «J’aime mélanger ce que je trouve pour voir quelles sont les réactions et les odeurs. Si j’étudie la chimie, je serai plus précise, je pourrai comprendre ce qui se passe. Je rêve d’inventer de l’essence non polluante, ou un engrais qui ne fait pas de mal à la nature.»
Plus jeune, elle se voyait dresseuse de dauphins, «mais c’était avant de comprendre que c’est pas très cool pour les animaux». Isis l’audacieuse est persuadée que les filles peuvent tout faire. «Même bûcheron. On est aussi fortes que les garçons et dans la tête, ça fonctionne des fois mieux!» La preuve? A l’école, en sports, elle a obtenu le droit de faire des sauts périlleux, «comme les garçons». «Mais j’ai dû prouver que j’y arrivais», concède-t-elle quand même.

Pour elle, le féminisme, «c’est quand les femmes se mettent ensemble pour avoir le droit de faire la même chose que les hommes». Elle est persuadée d’avoir vu ces féministes manifester, «avec celles qui sont contre la guerre et pour avoir des retraites qui paient bien». La Journée des femmes? «C’est quand les femmes décident et que les hommes sont soumis. On a le droit d’essayer des métiers et pas seulement ceux que les hommes veulent nous faire faire.» Avant de devenir chimiste, elle trouve que c’est «cool d’être un enfant. On n’a pas à décider de tout.»

Lilla, 8 ans, future soigneuse animalière dans un zoo

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Lilla est tombée amoureuse de la girafe et des autres peluches prêtées par King Jouet. «Dans mon zoo, il y aura des petits pandas roux.» Darrin Vanselow

Que choisir? Lilla hésitait entre comédienne, metteuse en scène, journaliste ou maîtresse d’école. Mais quand elle a découvert une émission de télévision sur la vie des soigneurs dans des parcs animaliers, son destin a été scellé. «C’est trop chou, j’ai envie de m’occuper des félins, des tigres et des bébés animaux. Surtout les petits pandas roux et les ratons laveurs.» Lilla, la fillette qui n’aime pas le rose, raconte que les «petites robes, ce n’est pas trop mon truc».

Elle est contente d’être une fille, mais à la récréation elle préfère «jouer et courir avec les garçons plutôt que de papoter sans bouger avec certaines des filles. Les filles aussi peuvent aimer le foot et les garçons jouer à la poupée. C’est égal.» Lilla raconte qu’elle a lu dans sa revue Astrapi que la Journée des femmes sert à ce que, plus tard, elle soit payée autant que les hommes. Elle n’aime pas que certaines expressions comme «courir comme une fille» ou «pleurer comme une fillette» donnent l’impression que les filles sont «de petits enfants». Un jour, Lilla sera une femme «qui ne porte pas de chaussures à talons». Elle sera mariée à «un monsieur beau comme mon papa. On aura quatre enfants, on vivra à la campagne, en France, dans une ferme, et je travaillerai au zoo.»

Malia, 14 ans et future basketteuse professionnelle

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Les yeux de Malia s’illuminent quand elle touche un ballon. Du basket, elle aime l’adrénaline, l’esprit d’équipe et la vision du jeu. Darrin Vanselow

Elle a déjà tout planifié. Elle raconte, très sérieuse, qu’elle sera joueuse de basketball pro, «aux Etats-Unis, ou éventuellement en France ou en Espagne. Là où il y a des équipes féminines superperformantes et hyper-reconnues.» Elle espère aussi que dans ces contrées, le salaire de basketteuse lui permettra de vivre de sa passion. La différence salariale entre hommes et femmes chez les sportifs la révolte. Elle en a fait un exposé dans son école internationale. Malia espère que tout cela aura changé lorsqu’elle participera à ses premiers Jeux olympiques.

Et puis, Malia la prévoyante a décidé d’avoir un autre métier. «Je serai aussi enseignante au jardin d’enfants. J’adore voir les petits devenir leur propre personne.» Elle espère qu’elle inspirera les joueuses d’après-demain, en leur disant qu’on peut «être les meilleures, dans n’importe quel sport». Malia aura un mari, «qui fera la cuisine», et ensemble ils vivront dans une maison avec leurs trois enfants, «dont des faux jumeaux».

Malia est fière d’être une femme. «Je ne suis pas une petite chochotte. Je ne suis pas féministe, parce que je ne suis pas contre les hommes. Je suis juste moi et je me donne à fond pour faire ce que je veux.»

Soraya, 7 ans et future fermière et inventrice

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Soraya dit qu’être une fille, c’est cool. Les pieds dans la paille et la tête dans les nuages, elle rêve un jour de s’inventer des ailes. Darrin Vanselow

Ses animaux, poules et poussins, chevaux, vaches, paons et colibris, seront parmi les plus choyés. Dans la ferme de Soraya, «avec des papillons tout autour», il y aura un ascenseur pour emmener le bétail dans le grenier. Cette future fermière-inventrice a déjà eu l’idée, lors de ses dernières vacances de ski, d’équiper les tire-fesses de bulles anti-froid à tablette intégrée. Elle fourmille de projets et de plans et raconte qu’elle aimerait «rendre les choses de la vie plus pratiques».

Si elle a un jour un mari, «d’abord il sera surtout gentil». Elle croit aussi qu’elle aimera ses enfants «autant que les animaux». La journée des femmes l’interpelle: «Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas une journée de l’homme? Si on se met tous ensemble, on peut s’aider, c’est mieux, non?»

Soraya la pipelette explique: «Je n’ai pas encore vu beaucoup de cette vie, mais les garçons et les filles sont faits de la même matière, avec les mêmes os et les mêmes muscles. Bien sûr, on est tous différents, mais pas tellement.» A l’école pourtant, les garçons voulaient «construire un mur pour qu’on soit séparés». Ils menaçaient de jeter des cailloux. «Ce serait triste, il n’y aurait plus de bébés, plus de vie.»


Par Mathyer Marie publié le 7 mars 2018 - 00:00, modifié 22 mai 2018 - 09:29